Documents
1 – Saint-Domingue avant la Révolution
Doc. 1 : Les possessions coloniales en Amériques centrale et du Sud vers 1750

Doc. 2 : Les colonies dans les Antilles à la fin du xviiie s.

1. L’économie de plantation
Doc. 3 : Le commerce triangulaire

Doc. 4 : L’Amérique au centre du commerce mondial

Doc. 5 : Esclaves préparant le tabac et râpant le manioc nécessaire à leur nourriture

2. Composition de la société
Doc. 6 : Composition de la population
- à Saint-Domingue :

- dans les Antilles françaises en 1788-1789 :
Blancs | Libres de couleur (affranchis) | Esclaves | |
Saint-Domingue (partie occidentale de l’île, sous domination française) | 40 000 | 28 000 | 452 000 (certain auteurs parlent de 700 000) |
Martinique | 15 000 | 4 851 | 83 416 |
Guadeloupe | 13 466 | 3 044 | 85 461 |
Sainte-Lucie | 2 159 | 1 588 | 17 221 |
Doc. 7 : La population des Antilles
Die Aufhebung der Sklaverei war durch die Nationalversammlung schon lange beschlossen worden. Der Konvent hatte sie als Gesetz erlassen. Er hatte vor bald drei Jahren den Kommissar Hugues nach Guadeloupe geschickt, um die Trikolore auch hier zu pflanzen. Der bloße Anblick von Blau-Weiß-Rote erregte alle Menschen auf den Antillen. Die Inseln lagen im Karibischen Meer durcheinandergemengt, mit englischen, panischen, französischen, holländischen, portugiesischen Fahnen, wie sie Piraten und Abenteurer auf dem Weg nach Amerika entdeckt und besiedelt hatten. Unerschöpfliche schwarze Menschenmassen aus Afrika hatten eine Schiffsladung Arbeitskraft nach der anderen abgegeben, nach die Urbevölkerung in den Bergwerken und in den Mühlen zugrunde gegangen war. Seit der Französische Revolution drehten die Sklaven ihre Köpfe in verzweifelter Hoffnung nach der vorüberziehenden neuen Fahne. Mit Spott sahen ihr die Plantagenbesitzer auf den Veranden der Villen nach und ihre Frauen und Töchter aus Hängematten.
Wiedereinführung der Sklaverei in Guadeloupe, dans Seghers, 1962, p. 64.
Doc. 8 : Les oppositions entre les groupes sociaux de Saint-Domingue
Die Kommissare [Sonthonax und Polverel] hatten zwar diktatorische Vollmachten in den Taschen. Wer aber sollte ihnen auf dieser Insel helfen, die Trikolore aufzupflanzen und zu verteidigen? Bestimmt nicht die Grundbesitzer; denn sie hassten uns. Wenn noch nicht alle geflohen waren, dann nur, weil sie mit einer raschen Änderung, mit der Ankunft der Engländer rechnete. Bestimmt nicht die zahlreichen kleinen Weißen – Geschäftsleute, Handwerker, Beamte. Denn die waren auf Treu und Verderb an ihre Kundschaft, die Reichen, gebunden. Auch nicht die Mulatten. Ob die reich oder arm waren, sie hassten die neue Gleichheit, die ihnen kein anderes Recht zudachte als den Negern. Gerade von diesen sich abzusondern, waren sie ihr Lebtag bemüht gewesen, vielleicht seit Generationen.
Das Licht auf dem Galgen, dans Seghers 1962, p. 137.
Doc. 9 : Stratification sociale à Saint-Domingue
Die Hausbesorgerin des Gutes Evremont trat unter dasselbe Vordach, das die zwei Männer beschattete. […] Sie verbeugte sich vor den Männern, weil sie ihnen als Schwarze im Rang unterlegen war, aber ohne Regung in ihrem ohnedies harten Gesicht, weil sie in diesen zwei jüdischen Händlern die kleinsten der „kleinen Weißen“, ihrem Herrn an Rang tief unterlegen, begrüßte.
Die Hochzeit von Haiti, dans Seghers 1962, p. 9.
3. Créolisation
Doc. 10 : Mode et manières de vivre chez les planteurs
Seit man in großem Maßstab, unter restloser Ausnutzung schwarzer Sklaven, Kaffee und Zuckerrohr pflanzte, war auf dem französischen Teil der Insel das häusliche Leben in den Gutshäusern so ausgeklügelt, so abgewogen, dass man, damit verglichen, sogar in Paris manch Annehmlichkeit entbehrte. Die Frauen und Töchter erinnerten gar nicht mehr an die Frauen und Töchter der ersten französischen Siedler. Um der Ansiedlung nachzuhelfen, hatte Paris damals die Insassinnen der Salpeterie, die wegen allerhand Diebstahls- und Prostitutionsdelikten bestraft worden waren, auf die entlegene Insel verfrachtet. Die Nachfolgerinnen schaukelten sich in Hängematten zwischen Decken und Dielen der Gutshäuser. Sie waren verblüffend weißhäutig unter der rasenden Sonne geblieben. Aus den Maschen der Hängematten guckten Zehen und Finger und Locken und rosa und gelbe Seidenwölkchen hervor. Pariser Schnittmuster fanden rascher Absatz als sonst ein Heimatprodukt. Die Haussklavin, die ihre Herrin mit einer Tasse Kakao oder Kaffen, mit einem Fächer oder mit einem Fliegenwedel bediente, fürchtete sich, etwas falsch zu machen oder zu verschütten. Ein geringes Versehen hieß, zur Feldarbeit versetzt zu werden, wenn nicht halbtot geschlagen.
Die Hochzeit von Haiti, dans Anne Seghers 1962, p. 8.
Doc. 11 : Le marché aux tissus de Saint-Domingue

Doc. 12 : Extrait du Dialogue créole, M. E. Descourtilz, années 1790-1802

Doc. 13 : Portrait du Noir selon le député Dufay
Les noirs ne sont pas cruels […], ils sont patients, exorables, et généreux. Les noirs ont même le germe des vertus, ces vertus leur appartiennent, leurs défauts viennent seuls de nous ; ils sont naturellement doux, charitables, hospitaliers, très sensibles à la piété filiale, ils aiment la justice et ont le plus grand respect pour la vieillesse ; ces vertus, peuple français, les rendent encore plus dignes de toi.
Archives parlementaires, t. 84, cité dans Serna, 2014.
2 – Antilles et Révolution
- Les limites des Lumières et des premiers temps de la Révolution
Doc. 14 : Conséquences de l’esclavage : la révolte future des Noirs
Vous verrez alors quelle différence met la vertu entre des hommes qui secourent des opprimés, & des mercenaires qui servent des tyrans.
Que dis-je ? Cessons de faire entendre la voix inutile de l’humanité aux peuples & à leurs maîtres elle n’a peut-être jamais été consultée dans les opérations publiques. Eh bien ! Si l’intérêt a seul des droits sur votre âme, nations de l’Europe, écoutez-moi encore. Vos esclaves n’ont besoin ni de votre générosité, ni de vos conseils, pour briser le joug sacrilège qui les opprime. La nature parle plus haut que la philosophie & que l’intérêt. Déjà se sont établies deux colonies de nègres fugitifs, que les traités & la force mettent à l’abri de vos attentats. Ces éclairs annoncent la foudre, & il ne manque aux nègres qu’un chef assez courageux, pour les conduire à la vengeance & au carnage.
Où est-il, ce grand homme, que la nature doit à ses enfants vexés, opprimés, tourmentés ? Où est-il ? Il paroîtra, n’en doutons point, il se montrera, il lèvera l’étendard sacré de la liberté. Ce signal vénérable rassemblera autour de lui les compagnons de son infortune. Plus impétueux que les torrens, ils laisseront partout les traces ineffaçables de leur juste ressentiment. Espagnols, Portugais, Anglois, François, Hollandois, tous leurs trans deviendront la proie du fer & de la flamme. Les champs Américains s’enivreront avec transport d’un sang qu’ils attendaient depuis si long-temps, & les ossements de tant d’infortunés entassés depuis trois siècles, tressailliront de joie. L’ancien monde joindra ses applaudissements au nouveau. Par-tout on bénira le nom du héros qui aura rétabli les droits de l’espèce humaine, par-tout on érigera des trophées à sa gloire. Alors disparoitra le code noir ; & que le code blanc sera terrible, si le vainqueur ne consulte que le droit de représailles !
En attendant cette révolution, les nègres gémissent sous le joug des travaux, dont la peinture ne peut que nous intéresser de plus en plus à leur destinée.
Abbé Raynal, Denis Diderot et al., Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, Amsterdam, 1770, p. 204-205. Disponible sur Gallica.
Doc. 15 : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789
Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir […] en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous. […]
Article 1er
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Article 2
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.
Doc. 16 : Revendications de libres de couleur
S’il n’existait pas une distinction d’ordres [à Saint-Domingue], il y avait, et il existe encore, à la honte de l’humanité, une distinction de classe ; d’abord on ne rougissait pas de mettre entièrement à l’écart, et d’abaisser au nombre des bête de somme, ces milliers d’individus qui sont condamnés à gémir sous le poids honteux de l’esclavage. Ensuite on faisait une grande différence entre les citoyens de couleur affranchis et leurs descendants, à quelque degré que ce fût, et les colons blancs. Ceux-ci, coupables encore de l’esclavage qu’ils ont introduit, qu’ils alimentent, qu’ils perpétuent, et dont ils ont cependant la barbarie de faire un crime irrémissible aux citoyens de couleur.
Lettre des citoyens de couleur des îles et colonies françaises, 23 novembre 1789.
2. Information et débats
Doc. 17 : Clubs de discussion à Paris
„Ich habe mich in Paris um alles gekümmert, als sei ich bereits in Haiti wohnhaft, ja, hier geboren. Ich wurde ein ständiger Gast in de Café, in dem die Mulatten sitzen; Sie waren nicht übel; sie wussten manches zu denken und zu sagen. Ich war ein Gast in der ‚Gesellschaft der Freunde der Schwarzen‘. Du hast vielleicht in der Zeitung den Namen von Lafayette schon gelesen. Vielleicht auch von Robespierre, der ein Anwalt ist. Er fordert die Bürgerrechte sogar für die Schwarzen. Er hat sie noch nicht für sich selbst, und er will sie für alle, für Juden, für Indios, für Neger, für Mulatten. ‚Jetzt sind sie alle verrückt in Paris‘, sagt Léon, ‚und deine Verrückten, Michael, sind die Allerverrücktesten.‘
Verstehst Du das, Mali? Jetzt, wo viel von den Bürgerrechte die Rede ist, will sie zwar jede Gruppe für sich, aber um Gottes willen nicht für alle. Jeder will schon im Voraus, dass sie etwa Besonderes sind, falls er sie auch bekommt, verstehst du?“
Die Hochzeit von Haiti, dans Seghers 1962, p. 21.
Dans cet extrait, c’est le personnage principal, Michael, qui parle à sa sœur de ce qu’il vient de vivre à Paris avant son arrivée récente à Saint-Domingue. Léon est un cousin resté à Paris. La fin de Der Schlüssel évoque aussi la Société des Amis des Noirs.
Doc. 18 : L’information des esclaves
Die Negersklaven in Haiti, sagte er, hätten genau gewusst, was in Frankreich geschah. Beim Bedienen hätten die Haussklaven zugehört, worüber die Tischgesellschaften sprachen: die Demonstrationen, der Zug nach Versailles, der Sturm auf die Bastille, die Beschlüsse der Nationalversammlung.
Das Licht auf dem Galgen, dans Seghers 1962, p. 136-137.
Doc. 19 : Revendications d’esclaves
Messieurs,
[…] Souvenés-vous que nous Nègres, tous tant que nous sommes, nous voulons périr pour cette liberté, car nous voulons et prétendons de l’avoir à quelques prix que ce puisse être, même à la faveur des […] canons et fusils. Comment depuis combien de centaines d’années, nos pères ont été assujettis à ce sort qui rejaillit jusqu’à présent sur nous. Est-ce que le bon Dieu a créé quelqu’un esclave ? Le Ciel et la Terre appartient au Seigneur Dieu ainsi tout ce qu’il renferme. Vous avés subornés nos précédents, non seulement eux, mais encore leurs descendants, cela n’est-il pas horrible, Messieurs, il faut croire en vérité que vous soyiés bien inhumains pour ne pas être touché de la commisération des souffrances que nous endurons. La Nation même la plus barbare fondrait en larmes si elle savait nos maux ; je vous laisse un peu à penser avec quelle promptitude chercherait-elle à abolir une loi si odieuse ; enfin c’est en vain que nous vous prenons par des motifs de sentiments et d’humanité car vous n’en avés pas. Mais à la faveur des coups nous l’aurons, car nous voyons que c’est le seul moyen d’en venir à bout. […]
Messieurs. Nous avons l’honneur d’être
[Signé par] nous Nègres.
Extrait d’une lettre adressée à M. de Molerat, commandant militaire de Saint-Pierre (Martinique), le 28 août 1789. Les fautes de français sont dans l’original.
3. Les révoltes à Saint-Domingue
Doc. 20 : Vue de l’incendie de la ville du Cap-Français

Doc. 21 : L’insurrection des esclaves, 1791-1793

3 – Les étapes de l’abolition
- La première abolition
Doc. 22 :La révolte de 1791 et l’envoi des commissaires civils
Scheinbar plötzlich, im August 91, hätten sich alle Nager auf Haiti erhoben, hunderttausend auf mehr als zweihundert Zuckerplantagen, sechshundert Kaffeeplantagen, zweihundert Baumwollplantagen und anderen. Sie seien von Farm zu Farm gezogen; bald hätte das Zuckerrohr gebrannt, die Gutshäuser hätten Feuer gefangen, die ganze Insel hätte gebrannt, es hätte bis in den Urwald gezüngelt und bis in die Städte hinein. Es habe lange so ausgesehen, als sei die beste, die wertvollste Insel für Frankreich verloren, wenn nicht durch die Brände, dann durch die Engländer, die sie jeden Tag überfallen und schlucken konnten.
Der Konvent hätte zuverlässige und entschlossene Männer nach Haiti geschickt, drei Kommissare – einer von ihnen hieß Sontonax –, von Militär begleitet, mit Vollmächten ausgestattet. Die alten großen Reiche, England und Spanien, in ihrer Wut auf die junge Republik, hätten den Ozean belauert, von der Biskaya bis Westindien. Aber sie seien angekommen. […]
Der Kommissar Sontonax sah ein, dass ihm keine anderen Bundesgenossen blieben als die Neger. Aber wollten die ihm helfen? Die misstrauten den Weißen, ihrem Freiheitsgerede. Wenn auch die Weißen diese Revolution begonnen hatten – wahrscheinlich, so dachten die Neger, war es nur ihre eigene Revolution, mit Vorteilen nur für die Weißen, mit Freiheit und Gleichheit nur für die Weißen.
Das Licht auf dem Galgen, dansSeghers 1962, p. 136-137.
Doc. 23 : Les divisions autour de la question de l’abolition
In Frankreich waren die Grundherren verjagt, die Leibeigenschaft war abgeschafft. Die Grundbesitzer von Haiti weigerten sich entschieden, das Lilienbanner mit der Trikolore zu vertauschen. Ihr Kaffee, ihr Zucker, ihr Indigo, das war ihr Erbe und ihr Besitz, das war auch der Stolz und der Reichtum Frankreichs Es sie unvorstellbar, hieß es, die Güter ohne die Sklaven zu bestellen. Die Aristokraten von Haiti brauchten nicht wie die von Paris nach London zu fliehen. Sie brauchten nur die englischen Kriegsschiffe aus den Häfen der Nachbarinsel herüberzurufen.
Die Kommissare [aus dem Konvent] und ihre Soldaten hatten auf die Hilfe der armen besitzlosen Weißen gebaut, der kleinen Weißen, wie sie in Haiti hießen. Doch was es an Weißen dort gab, war auf selten der Grundbesitzer. Wo sollte man hier eine Stellung finden, wenn keiner mehr da war, der einen bezahlte? Man konnte nicht einmal Friseur oder Schreiber werden ohne Leumundszeugnis von einem angesehenen Namen. Hier in der Kolonie war der Hunger noch bittere als daheim in Frankreich. Man ging vor die Hunde, und wie vor die Hunde! Ohne sicheres Dach hatte man die Wahl, an Malaria umzukommen oder an Typhus oder an Schlangenbissen.
Die Kommissare hatten sich darauf an die Mulatten gewandt. Sie hatten noch auf dem Schiff geglaubt, die Mulatte würden sie mit offenen Armen begrüßen. Sie kamen ja, zuerst das Gesetz ihrer Gleichberechtigung durchzuführen, das die Aristokraten erbitterte. Die Begeisterung der Mulatten war aber rasch abgekühlt, als sie hörten, wieviel Freiheit auf einmal in Paris zugestanden wurde. Aufhebung der Sklaverei? Was sollte den Mulatten, die länger selbst ihre Sklaven hielte, die Gleichberechtigung nutzen, wenn man ihnen auch die Sklaven nahm?
Die Hochzeit von Haiti, dans Seghers 1962, p. 33-34.
Doc. 24 : Proclamation du 29 août 1793 à Saint-Domingue
Aujourd’hui les circonstances sont bien changées ; les négriers et les anthropophages ne sont plus. Les uns ont péri victimes de leur rage impuissante, les autres ont cherché leur salut dans la fuite et l’émigration. Ce qui reste de blancs est ami de la loi et des principes français.
La majeure partie de la population est formée des hommes du 4 avril. De ces hommes à qui, vous devez votre liberté, qui, les premiers vous ont donné l’exemple du courage à défendre les droits de la nature et de l’humanité ; de ces hommes qui, fiers de leur indépendance, ont préféré la perte de leurs propriétés à la honte de reprendre leurs anciens fers. N’oubliez jamais, citoyens, que vous tenez d’eux les armes qui vous ont conquis votre liberté ; n’oubliez jamais que c’est pour la République française que vous avez combattu, que, de tous les blancs de l’Univers, les seuls qui soient vos amis sont les Français d’Europe. […]
Ne croyez cependant pas que la liberté dont vous allez jouir soit un état de paresse et d’oisiveté. En France, tout le monde est libre et tout le monde travaille. […] Rentrés dans vos ateliers ou chez vos anciens propriétaires, vous recevrez le salaire de vos peines ; vous ne serez plus assujettis à la correction humiliante qu’on vous infligeait autrefois ; vous ne serez plus la propriété d’autrui ; vous resterez les maîtres de la vôtre, et vous vivrez heureux.
Devenus citoyens par la volonté de la nation française, vous devez être aussi les zélés défenseurs de ses décrets ; vous défendrez, sans doute, les intérêts de la République contre les rois, moins encore par le sentiment de votre indépendance que par reconnaissance pour les bienfaits dont elle vous a comblés. La liberté vous fait passer du néant à l’existence, montrez-vous dignes d’elle : abjurez à jamais l’indolence comme le brigandage : ayez le courage de vouloir être un peuple et bientôt vous égalerez les nations européennes. Vos calomniateurs et vos tyrans soutiennent que l’Africain devenu libre ne travaillera plus. Démontrez qu’ils ont tort ; redoublez d’émulation à la vue du prix qui vous attend ; prouvez à la France, par votre activité, qu’en vous associant à ses intérêts, elle a véritablement accru ses ressources et ses moyens.
Article 1er : La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen sera imprimée, publiée et affichée, partout où besoin sera, à la diligence des municipalités dans les villes et bourgs, et des commandants militaires dans les camps et postes.
Article 2 : Tous les Nègres et sang-mêlé actuellement dans l’esclavage sont déclarés libres pour jouir de tous les droits attachés à la qualité de citoyen français ; ils seront cependant assujettis à un régime dont les dispositions sont contenues dans les articles suivants […]
Article 9 : Les Nègres actuellement attachés aux habitations de leurs anciens maîtres seront tenus d’y rester : ils seront employés à la culture de la terre […]
2. Les députés des Antilles
Doc. 25 : la citoyenneté par la vertu
Comment coquin, tu oses être officier dans un régiment ; tu as l’insolence de vouloir commander des blancs ? Et pourquoi pas ? leur répondit mon collègue (et avec une fierté énergique, l’expression de celui qui sent profondément sa dignité d’homme) ; je sers depuis vingt-cinq ans sans un reproche, et quand on sait sauver des blancs et les défendre, on peut bien les commander.
3. Les débats sur l’abolition à Paris
Doc. 26 : La traîtrise des planteurs blancs
Que tous les français se réveillent donc de leur léthargie ; qu’ils ouvrent enfin les yeux sur ces colons perfides, sur les serpents qu’ils réchauffent dans leur sein. Jamais les Anglais n’ont eu dans l’intérieur de la France des agents plus fidèles ni plus dangereux pour nous. Ne sait-on pas que tous les colons sont nobles, très nobles, hauts et puissants seigneurs, liés avec tous nos ennemis, émigrés et autres ; qu’ils ont à Londres […] peut-être deux mille colons comme eux, de plus riches des plus animés contre vous.
Doc. 27 : L’héroïsme révolutionnaire des esclaves
Les esclaves, qui étaient en insurrection depuis deux ans, instruits par les flammes et les cous de canon que le Cap était attaqué […] se présentent en armes devant vos délégués. Nous sommes nègres, français, leur dirent-ils ; nous allons combattre pour la France, mais pour récompense nous demandons la liberté. Ils ajoutèrent même les droits de l’homme […]. Les noirs sentaient leur force ; ils auraient pu même les tourner contre nous si on les avait indisposés.
Nous vous ferions observer que la liberté que vous nous avez accordée nous l’avions déjà !
Doc. 28 : Justification de la citoyenneté des femmes et de la liberté des enfants
Ce n’est pas la faute de nos femmes si elles n’ont pu s’armer pour la France. Peut-on les punir de la faiblesse de leur sexe ? Pourquoi les rendre plus malheureuses que nous ? Elles partagent nos sentiments pendant que nous nous battrons pour la France, elles les inspireront à nos enfants ; elles travailleront pour nourrir les guerriers. […]
Quant à nos enfants, c’est notre propriété, c’est notre sang. On n’a jamais pu disposer de notre postérité ; les garder dans l’esclavage, c’est nous condamner à un malheur éternel, c’est nous arracher la vie.
Doc. 29 : Contrepartie de l’abolition
Que les habitants de nos villes de commerce soient détrompés, que les commerçants se rassurent […], qu’ils lisent la proclamation du 29 août ; qu’ils apprennent que les noirs travailleront à les rembourser et d’autant plus volontiers qu’ils auront un salaire raisonnable à espérer pour leur travail, pour leurs sueurs.
Docs. 25-29 : Archives parlementaires, t. 84, p. 268-292, cité dans Serna 2014.
Doc. 30 : Le décret d’abolition de l’esclavage en France
Les Mortels sont égaux, ce n’est pas la naissance, c’est la seule vertu qui fait la différence.
La Convention nationale déclare que l’esclavage des Nègres dans toutes les colonies est aboli ; en conséquence, elle décrète que tous les Hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouiront de tous les droits assurés par la Convention.
Décret de la Convention du 16 pluviôse an II.
Doc. 31 : Allégorie de la première abolition de l’esclavage

Légende :
1 – Déclaration de 1789, en gras l’article premier.
2 – Texte du décret du 16 pluviôse an II abolissant l’esclavage.
3 – La Raison.
4 – Un Français de métropole partisan de la Révolution en costume de garde national et un Antillais.
5 – Corne d’abondance et palmier symbolisant la prospérité des Antilles.
6 – La Nature qui encourage la Raison car l’égalité est un droit naturel
7 – Démons de l’aristocratie, de l’injustice, de l’égoïsme et de l’insurrection chassés au loin.
4. Les conséquences de l’abolition
Doc. 32 : Etendre l’abolition pour déstabiliser les autres puissances coloniales
Wir waren auf Jamaika angekommen, drei Emissäre des französischen Konvents, unsre Namen: Debuisson, Galloudec, Sasportas, unser Auftrag: ein Sklavenaufstand gegen die Herrschaft der britischen Krone im Namen der Republik Frankreich. Die das Mutterland der Revolution ist, der Schrecken der Throne, die Hoffnung der Armen. In der alle Menschen gleich sind unter dem Beil der Gerechtigkeit. Die kein Brot hat gegen den Hunger ihrer Vorstädte, aber Hände genug, die Brandfackel der Freiheit Gleichheit Brüderlichkeit in alle Länder zu tragen. Wir standen auf dem Platz am Hafen. In der Mitte des Platzes war ein Käfig aufgestellt. Wir hörten den Wind vom Meer, das harte Rauschen der Palmblätter, das Fegen der Palmwedel, mit denen die Negerinnen den Staub vom Platz kehrten, das Stöhnen des Sklaven im Käfig, die Brandung. Wir sahen die Brüste der Negerinnen, den blutig gestriemten Leib des Sklaven im Käfig, den Gouverneurspalast. Wir sagten: Das ist Jamaika, Schande der Antillen, Sklavenschiff in der Karibischen See.
Doc. 33 : Le discours contre-révolutionnaire
Debuisson – Nehmen wir unsre Masken vor. Ich bin der ich war: Debuisson, Sohn von Sklavenhaltern aus Jamaika, mit Erbrecht auf eine Plantage mit vierhundert Sklaven. Heimgekehrt in den Schoss der Familie, um sein Erbe anzutreten, aus dem verhangenen Himmel Europas, trüb vom Qualm der Brände und Blutdunst der neuen Philosophie, in die reine Luft der Kariben, nachdem die Schrecken der Revolution ihm die Augen geöffnet haben für ewige Wahrheit, dass alles Alte besser als alles Neue ist. […]
Galloudec – Ein Bauer aus der Bretagne, der die Revolution hassen gelernt hat im Blutregen der Guillotine, ich wollte, der Regen wäre reichlicher gefallen, und nicht nur auf Frankreich, treuer Diener des gnädigen Herrn Debuisson, und glaube an die heilige Ordnung der Monarchie und der Kirche. Ich hoffe, ich werde das nicht zu oft beten müssen.
Debuisson – Du bist zweimal aus der Rolle gefallen, Galloudec.
Galloudec – Ein Bauer aus der Bretagne, der die Revolution hassen gelernt hat im Blutregen der Guillotine. Treuer Diener des gnädigen Herrn Debuisson. Ich glaube an die heilige Ordnung der Monarchie und der Kirche. […]
Debuisson – Sasportas. Deine Maske.
Galloudec – Die sollte es nicht schwerfallen, den Sklaven zu spielen, Sasportas, in deiner schwarzen Haut.
Sasportas – Auf der Flucht vor der siegreichen schwarzen Revolution auf Haiti habe ich mich dem Herrn Debuisson angeschlossen, weil Gott mich für die Sklaverei geschaffen hat. Ich bin sein Sklave. Genügt das.
Docs. 32 et 33 : Müller, p.17 et 18-19.
Doc. 34 : Arguments pour la réintroduction de l’esclavage
Fabien et Beauvais sont tous deux des officiers français. Beauvais décide de rester sur l’île et de combattre la réintroduction de l’esclavage.
Fabien fuhr friedlicher fort: […] „Was hätte es auch den Negern benutzt, wenn sie gearbeitet hätten. Vielleicht wäre einem der Kamm angeschwollen, wie es auf Haiti passiert ist. Wenn sich die Leute einmal an Arbeit gewöhnt haben, dann kommt dabei manch ein komischer Ehrgeiz heraus. Auch man ein komischer Kopf, wie dieser Toussaint. […] Der Zucker ist unter Bonaparte genau derselbe, wie er unter Ludwig XVI. war, genau derselbe, Beauvais. Der Unterschied liegt n Frankreich, nicht im Zucker. Er hat unser Vaterland reich gemacht, beneidet und reich. Sehen Sie mal, nur Schwarze können Zuckerrohr schneiden. Darum gehören dieselben Gesetze zu denselben Schwarzen. Der Unterschied ist: Für wen sind es Sklaven? Es ist ein Unterschied, ob der Sklave das Zuckerrohr für Ludwig XVI. schneidet oder für Napoleon.“ – „Glauben Sie, dass es ein Unterschied für die Sklaven ist?“ – „Für die nicht, aber für uns. Mein Gott, das hysterische Gleichberechtigungsgebrüll, als sie sich vor der Nationalversammlung als Brüder umarmten und im ihre schwarzen Bäuche die Trikolore zu binden begannen. War damals nützlich. Der Engländer ist unser Feind. Wir müssen ihn schlagen. Wenn er mit seinen Sklaven mehr Zucker produzieren kann als wir mit unserem Gleichberechtigungsgebrüll, dann heißt das: Fertig mit dem Gefasel. Ihr Neger pariert! Drapiert euch weiter mit einer Trikolore, wenn es euch Spaß macht.“
Wiedereinführung der Sklaverei in Guadeloupe, dans Seghers, 1962, p. 94-95.
Erste Liebe – Die Sklaverei ist ein Naturgesetz, alt wie die Menschheit. Warum soll sie aufhören vor ihr. Sieh dir meine Sklaven an, und deine, unser Eigentum. Ihr Leben lang sind sie Tiere gewesen. Warum sollen sie Menschen sein, weil es in Frankreich auf einem Papier steht. Kaum lesbar vor so viel mehr Blut als für die Sklaverei geflossen ist hier auf deinem und meinem schönen Jamaika. Ich werde dir eine Geschichte erzählen: auf Barbados ist ein Plantagenbesitzer erschlagen worden zwei Monate nach der Aufhebung der Sklaverei. Sie kamen zu ihm, seine Befreiten. Sie gingen auf den Knien wie in der Kirche. Und weißt du was sie wollten. Zurück in die Geborgenheit der Sklaverei.
Müller, 1979, p. 22.
Doc. 35 : Le rétablissement officiel de l’esclavage
Une puissance rivale[1] de la France voyait, avec autant de peine que d’envie, la prospérité de nos colonies. Depuis longtemps, elle méditait leur perte ; ses efforts avaient été impuissants jusqu’au moment où la Révolution française lui fournit les moyens d’exécuter ses sinistres projets[2]. Des hommes adroits et perfides furent envoyés vers la capitale ; l’or fut répandu avec profusion […]. L’Assemblée nationale […] seconda puissamment leurs intentions : son décret, à ce sujet, fut la perte de nos colonies et de ces mêmes Noirs qu’elle croyait favoriser. Vous connaissez, par une fatale expérience, les maux qui ont été le résultat de cette prétendue liberté, indiscrètement accordée à des êtres sans civilisation, sans principes et sans patrie. Ce ne fut pas seulement la licence qui se mit à la place de la liberté, mais la révolte la plus affreuse et la plus sanglante[3]. La religion détruite, les habitations[4] incendiées, des flots de sang français répandus, tel fut le triste état dans lequel nos colonies furent réduites. Ces motifs ont déterminé le gouvernement à prendre [un] arrêt[5] d’après la connaissance acquise que l’humanité a toujours guidé les colons de la Guadeloupe et que chaque propriétaire est un père dont la sollicitude s’étend sur tous ceux qui l’entourent.
Déclaration d’Ernouf, gouverneur de la Guadeloupe, 14 mars 1803.
4 – L’indépendance d’Haïti
Doc. 36 : Les révoltes d’Haïti

Doc. 37 : Le travail des Noirs après l’esclavage
„Was für ein Unsinn“, sagte ein anderer, der so dünn und so sprunghaft wie eine Spirale war, „damit wir wieder Schiffe von all dem Zeug, Kaffee, Kakao und Zucker, nach Frankreich schicken. Nicht als Sklaven, behaupten sie, wie bekämen dafür bezahlt. Wozu bezahlt? Für eine Uniform vielleicht? Mit Litzen und Knöpfen? Oder Geräte, damit ich noch mehr arbeiten muss?“ […] Manon erstickte vor Wut. Sie schrie: „Auf deinem eigenen Feld will man, dass du dein Lebtag arbeitest.“ […] Ismael sagte: „Ich war mein Lebtag Gärtner. Soll ich auf meine alten Tage Feldsklave werden, weil man mir eine Parzelle zuteilt. Nennt ihr das die Befreiung?“
Wiedereinführung der Sklaverei in Guadeloupe, dans Seghers 1962, p. 75.
Doc. 38 : La réaffirmation des dominations sociales
Debuisson – Ich will das alles nicht mehr wissen. Tausend Jahre ist gelacht worden über unsre drei Geliebten. In allen Gossen haben sie sich gewälzt, alle Rinnsteine der Welt sind sie hinabgeschwommen, geschleift durch alle Bordelle, unsre Hure die Freiheit, unsre Hure die Gleichheit, unsre Hure die Brüderlichkeit. Jetzt will ich sitzen wo gelacht wird, frei zu allem was mit schmeckt, gleich mit mir, mein und sonst niemandes Bruder. Dein Fell bleibt schwarz, Sasportas. Du, Galloudec, bleibst ein Bauer. Über euch wird gelacht. Mein Platz ist wo über euch gelacht wird. Ich lache über euch. Ich lache über den Neger; ich lache über den Bauern. Ich lache über den Neger, der sich weiß waschen will mit der Freiheit. Ich lache über den Stumpfsinn der Brüderlichkeit, der mich, Debuisson, Herrn über vierhundert Sklaven, ich brauche nur Ja zu sagen, Ja und Ja zur geheiligten Ordnung der Sklaverei, blind gemacht hat für dein, Sasportas, dreckige Sklavenfell, für deinen vierbeinigen Bauerntrott, Galloudec, das Joch im Necken, mit dem die Ochsen in der Furche gehen auf deinem Acker, der dir nicht gehört. Ich will mein Stück vom Kuchen der Welt. Ich werde mit mein Stück herabschneiden aus dem Hunger der Welt. Ihr, ihr habt kein Messer.
Müller, 1979, p. 39.
Conclusion : la mémoire de l’événement
Doc. 39 : Une place dans l’histoire officielle ?
Debuisson – Unsre Namen werden nicht in den Schulbüchern stehn, und dein Befreier von Haiti, wo jetzt die befreiten Neger auf die befreiten Mulatten einschlagen oder umgekehrt, wird lange warten müssen auf seinen Platz im Buch der Geschichte. Inzwischen wird Napoleon Frankreich in eine Kaserne verwandeln und Europa vielleicht in ein Schlachtfeld, der Handel blüht in jedem Fall, und der Frieden mit England wird nicht ausbleiben, was die Menschheit eint sind die Geschäfte. Die Revolution hat keine Heimat mehr, das ist nicht neu unter dieser Sonne, die eine Erde vielleicht nie bescheinen wird, die Sklaverei hat viele Gesichter, ihr letztes haben wir noch nicht gesehn […]
Müller, 1979, p. 36-37.
Doc. 40 : Portrait de Sanité Belair

[1] Le Royaume-Uni.
[2] Le Royaume-Uni est ici accusé d’avoir soutenu les abolitionnistes pour ruiner l’exploitation sucrière.
[3] Violences commises sur les partisans de l’esclavage par les Noirs, à partir de 1793.
[4] Plantations de canne à sucre.
[5] Arrêté consulaire du 16 juillet 1802, rétablissant l’esclavage en Guadeloupe, proclamé officiellement dans l’pile mai 1803.
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