Le site Géoimage, une ressource d’avenir pour l’enseignement en section Abibac   

Par Xavier Desbrosse, Enseignant d’histoire-géographie en section Abibac au lycée Pierre Bayen, Châlons-en-Champagne (51)  

xdesbrosse@ac-reims.fr

 Enseigner en langue allemande expose à la problématique de la disponibilité des ressources, en particulier en géographie. En DNL, la question est récurrente : comment trouver des documents à jour, précis, mais aussi accessibles pour des élèves en cours d’apprentissage ? Le site d’information géographie Géoimage pourrait devenir un outil précieux dans l’arsenal des possibilités à disposition des professeurs d’Abibac. 

Le site Géoimage – https://geoimage.cnes.fr/fr – a vu le jour en octobre 2017[1]. Il propose une large gamme de commentaires de photographies satellites. Celles-ci – de qualité exceptionnelle – sont fournies par le Centre national d’études spatiales (CNES). Notamment animé par le géographe spécialiste de la mondialisation, Laurent Carroué, le site met à disposition des internautes des images du monde entier. 

A la différence d’autres offres en ligne comme Google earth, Géoimage a l’avantage de fournir en plus des images – et gratuitement, en accès direct et téléchargeables – des commentaires scientifiques de qualité. Ceux-ci permettent de s’approprier rapidement les territoires représentés en indiquant au lecteur les enjeux géographiques illustrés par chaque photo satellitaire. A ce jour, le site a mis en ligne près de 360 dossiers et donne des éléments sur 92 pays. La plus-value du site pour les enseignants est grande. Il est un outil performant pour se former : les commentaires peuvent devenir des exemples utilisés en cours et illustrés d’images spectaculaires et parlantes.

Pourtant, dans la perspective des sections Abibac, les perspectives pédagogiques s’avèrent assez vite limitées. Le fait que la majorité des notices soit écrite en français constitue un frein pour un enseignement en langue allemande. Cependant, cette difficulté constitue aussi une belle potentialité pour les élèves de section Abibac.  

En effet, Géoimage repose sur un fonctionnement ouvert. De nombreux contributeurs sont des enseignants du secondaire. De plus, la dimension DNL a été prise en compte quand l’architecture du site a été définie. Il y a déjà sur le site une quarantaine de « dossiers en langue étrangères »[2]. La très grande majorité de ces contributions sont aujourd’hui des traductions du français à l’espagnol réalisées par des élèves de Bachibac. C’est désormais aux sections Abibac de relever le défi !

Les bénéfices immédiats sont grands. La traduction constitue d’abord un excellent exercice d’appropriation du vocabulaire comme du raisonnement géographiques. Par ailleurs, alimenter le site Géoimage en commentaires en allemand, c’est mettre à disposition des exemples permettant de traiter le programme d’Abibac. Une première traduction est exploitable en Terminale (chapitre « mers et océans : au cœur de la mondialisation »). Cette notice sur les bases sous-marines chinoises de l’île d’Hainan permet de disposer d’une ressource en allemand sur les tensions en mer de Chine méridionale[3]. Un investissement des sections Abibac dans la traduction ou la conception de notices – en particulier sur l’Allemagne, l’Autriche et l’Europe centrale – permettrait aussi d’augmenter le nombre de commentaires portant sur le monde germanique. En effet, si on considère le poids économique et politique de l’Allemagne en Europe comme dans la mondialisation, ce territoire reste sous-représenté parmi les dossiers. 


[1] https://geoimage.cnes.fr/fr

[2] https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/ressources-en-langue-etrangere

[3] „China – Hainan : Marinestützpunkte Yulin und Yalong, Machtprojektion und Grenzkonflikte im Südchinesischen Meer“  Notice de Laurent Carroué traduite par Marcus Bracht et Xavier Desbrosse. https://geoimage.cnes.fr/fr/geoimage/china-hainan-marinestutzpunkte-yulin-und-yalong-machtprojektion-und-grenzkonflikte-im

Un Abibac sur les pas du Dr. Albert Schweitzer

Certains d’entre vous me connaissent peut-être déjà, j’ai publié un article en 2018 sur mes études de médecine en Allemagne. Je m’appelle Nathanaël, 23 ans, promo Abibac du lycée Faidherbe 2014 et je suis actuellement en année de césure pour écrire ma thèse de médecine (Dr. Med), que j’effectue à l’université de Tübingen.

L’université de Tübingen a créé un partenariat solide avec le centre de recherche médicale de Lambaréné (Gabon) et a décidé de m’envoyer un an à Lambaréné étudier le paludisme sur les traces d’un certain Dr. Albert Schweitzer.  

Mais qui est-donc ce Dr. Albert Schweitzer ?

Albert Schweitzer, né en 1875 est arrivé ici à Lambaréné en 1913. Personnage marquant et énigmatique, à la fois allemand mais re-naturalisé français à la fin de la Première Guerre mondiale, refusant la guerre en 1914 pour la première fois mais aussi de s’allier au nazisme et leurs expérimentations eugénistes durant la moitié du XXème siècle. Aujourd’hui encore, Albert Schweitzer reste un des plus grands personnages du XXème siècle, et il a été récompensé pour son humanisme en 1952 par un prix Nobel de la paix.

Plus de 100 ans après, son hôpital est toujours présent ici à Lambaréné, une petite ville du Gabon, située sur les rives de l’Ogooué. Ses principes et son éthique sur le respect de la vie sont encore aujourd’hui cités et enseignés. Depuis 1992, un grand centre de recherche est né ici à Lambaréné pour améliorer et développer la recherche médicale en médecine tropicale. Auparavant rattaché à la fondation Albert Schweitzer, aujourd’hui c’est un centre de recherche de haut niveau en matière de maladies infectieuses. Ici, on teste et développe de nouvelles thérapies contre le paludisme, la tuberculose ou la bilharziose mais aussi des vaccins.

Un exemple de projet franco-allemand 

J’ai toujours été attiré par la médecine en Afrique sub-saharienne, mais surtout par l’humanitaire. Au cours d’un stage aux urgences-réanimation à l’hôpital général de Douala, au Cameroun, j’ai été très touché par les conditions difficiles de la prise en charge des patients et le manque de matériels hospitaliers. Cela m’a amené à réfléchir et m’a poussé à me lancer dans ce projet.

C’est à l’occasion d’une chope de bière avec mon ancien professeur d’histoire géographie, que mon projet a germé dans ma tête. Il m’a parlé d’une nouvelle thérapie pour lutter contre le paludisme, efficace et peu onéreuse. J’ai ensuite contacté l’institut de médecine tropicale de l’université de Tübingen pour proposer mon projet de thèse. Qui plus est, un ensemble d’instituts de recherche français dont le CNRS, l’Institut Pasteur et l’IRD ont décidé de monter un consortium sur le même sujet. De fil en aiguille et après quelques mails, mon projet a pu s’intégrer au sein de ce consortium. Aujourd’hui, c’est avec un grand enthousiasme que j’ai la chance de travailler avec des chercheurs de renommée internationale au sein d’un partenariat franco-allemand.

Quelle est donc ma mission à Lambaréné ?

Ma mission ici, consiste à mieux comprendre la transmission vectorielle du paludisme en Afrique, mais aussi à chercher de nouvelles thérapies permettant de bloquer sa transmission.

Le paludisme, ou malaria, reste la maladie infectieuse la plus meurtrière dans le monde. Elle est due à un parasite du genre Plasmodium, propagée par la piqûre d’une certaine espèce de moustique, l’Anophèle.

En 2017, nous comptions plus de 430 000 décès, et malheureusement pour 93 % des cas en Afrique sub-saharienne. Le paludisme est aussi associé à la pauvreté et représente un frein important au développement économique et humain. Le coût des frais de soins, d’hospitalisation ou de médicaments ont un impact économique important, et ne peuvent parfois pas être pris en charge par les foyers. Les frais de soins couplés à la présence de médicaments de mauvaise qualité ou falsifiés ne font que maintenir un taux de mortalité élevé dans les zones impaludées.

Chaque jour, nous recensons la population dans les villages et diagnostiquons la présence de parasites dans le sang des ménages. Si les patients sont positifs au test de dépistage, ils bénéficient d’un traitement et d’une prise en charge gratuits.

Grâce à la participation et au prélèvement sanguin de nos patients dans notre étude, nous pouvons tester et développer de nouvelles molécules dans le but d’éradiquer le paludisme.

Dans un contexte dans lequel l’Europe subit des moments troubles, il est primordial de renforcer nos partenariats franco-allemands, notamment dans le domaine de la recherche médicale. Il n’existe malheureusement que très peu de partenariats académiques entre la France et l’Allemagne dans le domaine de la médecine. Ensemble, en réunissant nos compétences, nous pouvons avancer plus vite et mettre au point de nouveaux traitements.

Nathanäel SAISON

Methoden zur Bearbeitung von Werbestrategien

par Anne Raming-Freesen, professeure de français et de géographie en section Abibac au Gymnasium Kreuzgasse à Cologne, et Paula Theurich, professeure de français, de géographie et de S.E.S. en section Abibac à la Ziehenschule à Francfort-sur-le-Main

I Einstiege ins Thema Werbung

a.Werbebingo

Traverse la salle et trouve quelqu’un qui est capable de faire ce qui est indiqué dans une des bulles en bas et laisse-le signer cette bulle. Si tu as complété une ligne (horizontale, verticale ou en diagonale), il faut crier « BINGO ! ». S’il y a plusieurs « BINGOS ! » – tant mieux !

TROUVE QN QUI…

  … sait citer trois slogans publicitaires.     …sait nommer une personne importante faisant de la pub.     …dit, qu’il ne se laisse pas influencer par la pub.   …sait nommer le produit correspondant à un slogan que tu lui dis.  
  … sait nommer un métier dans le domaine publicitaire.     …sait compléter le slogan « … macht Kinder froh, und Erwachsene … ».     …sait interpréter spon-tanément une scène d’un clip publicitaire.   …sait décrire ou faire une esquisse d’une affiche publicitaire.
  …dit qu’il se laisse influencer par la pub.     …sait chanter une mélodie de pub.   …regarde régulièrement la pub.   …a vu aujourd’hui plus d’une seule pub.
  …a vu au moins 3 affiches publicitaires au cours du chemin de l’école.     …change le programme quand il y a la pub.   …sait compléter le slogan « Wenn’s um Geld geht … »   …sait nommer au moins trois sortes de pub différentes.

 Source : Idée selon Hasebeck (2009)

Finde jemanden, der eine der in den Kästchen angegebenen Dinge tun kann und lasse ihn / sie anschließend das Kästchen abzeichnen. Wenn Du eine Zeile vollständig hast (waagerecht, senkrecht, diagonal), rufe laut « BINGO ! ». Je mehr « Bingos ! » es gibt, desto besser !

FINDE JEMANDEN, DER…

  … drei Werbeslogans aufsagen kann.     …einen Prominenten nennen kann, der Werbung macht.     …der von sich sagt, dass er sich von Werbung nicht beeinflussen lässt.     …der das richtige Produkt zu einem Werbespot nennen kann, den Du ihm sagst.  
  … der einen Beruf aus der Werbebranche nennen kann.     …der den Slogan « … macht Kinder froh, und Erwachsene … » vervollständigen kann.     …der spontan eine Szene aus einem Werbeclip nachspielen kann.   …der eine Werbeplakat beschreiben oder spontan skizzieren kann.
  …der von sich sagt, dass er sich von Werbung beeinflussen lässt.     …der eine Werbemelodie singen kann.   …der regelmäßig Werbung schaut.   …der heute schon mehr als eine Werbung gesehen hat.
  …der auf dem Schulweg mindestens drei Werbungen begegnet ist.     …der bei Werbung im Fernsehen wegzappt.   …der den Slogan  « Wenn’s um Geld geht … » vervollständigen kann.   …der mindestens drei verschiedene Arten von Werbung nennen kann.

 Source : Idee nach Hasebeck (2009). http://www.regenwald-schuetzen.org

b. Vrai ou faux ???

Que penses-tu des faits suivants ? Sont-ils vrais ou faux ?

  VRAI FAUX
Un consommateur allemand moyen perçoit environ 6000 messages publicitaires par jour.      
En 2015, les chiffres d’affaires bruts acquises par la pub de la chaine Super RTL en Allemagne s’élevaient à 290 millions d’euro.    
En 2015, 2,14 millions de minutes publicitaires ont été diffusées à la télé allemande.    
En Allemagne, les chaînes privées ont le droit d’utiliser 20% de leur temps d’émission pour la pub. Une chaîne qui émet 24 heures sur 24 a donc 4 heures et 48 minutes pour des clips publicitaires.    
Dans l’ensemble de l’Union européenne, les recettes de la publicité télévisée destinée aux enfants atteignent 670 millions à un milliard d’euros par an.    
Pendant les émissions consacrées aux enfants, neuf publicités sur dix vantent des produits déséquilibrés (très gras ou très sucré) en France.    

Richtig oder falsch ? Was denkst Du über die folgenden Aussagen?

  VRAI FAUX
Ein durchschnittlicher deutscher Konsument nimmt etwa 6000 Werbebotschaften pro Tag wahr.      
Im Jahr 2015 belief sich der Bruttowerbeumsatz des Fernsehsenders Super RTL in Deutschland auf 290 Millionen Euro.    
Ebenfalls im Jahr 2015 wurden 2,14 Millionen Werbeminuten im deutschen Fernsehen ausgestrahlt.    
In Deutschland dürfen private Fernsehsender 20% ihrer gesamten Sendezeit für Werbung nutzen. Ein Sender, der 24 Stunden am Tag sendet, darf demnach 4 Stunden und 48 Minuten Werbung zeigen.    
In der gesamten EU belaufen sich die Gesamteinnahmen von Fernsehwerbung für Kinder auf 670 Millionen bis eine Milliarde Euro pro Jahr.    
Während Kindersendungen werben in Frankreich neun von zehn Werbespots für unausgewogene Lebensmittel (zu fett, zu süß etc.).    

c. Citations autour de la pub / Zitate rund ums Thema Werbung

« Le culte de la beauté et de la performance, développé, sublimé notamment dans la publicité, réunit dans les pays occidentaux plus de fidèles que toutes les religions. »

Bernard Pivot (animateur et journaliste français, né en 1935)

« La publicité pousse les gens à ne pas se fier à leur jugement ; elle leur apprend à être stupides. »

Carl Sagan (astronome et scientifique américain, 1934-1996)

« La publicité est l’art de convaincre les gens de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas pour quelque chose dont ils n’ont pas besoin. »

Will Rogers (comique américain, 1879-1935)                               

« La publicité, c’est la science de stopper l’intelligence humaine assez longtemps pour lui soutirer de l’argent. »

Stephen Leacock (économiste canadien, 1869-1944)

„Wer dem Sirenengesang der Werbung widersteht, ist mündiger Bürger. Und gefährdet Arbeitsplätze.“

Oliver Hassencamp (deutscher Autor und Kabarettist, 1921-1988)

„Werbung – die Kunst, auf den Kopf zu zielen und die Brieftasche zu treffen.“

Vance Packard (amerik. Journalist u. Sozialkritiker, 1914-96)

„Hinter der Werbung steht vielfach die Überlegung, dass jeder Mensch eigentlich zwei sind: einer, der er ist, und einer, der er sein will.“

(William Feather, amerikanischer Werbefachmann, 1889-1981)

d. Weitere Einstiege

  • Où, quand et combien de fois est-ce que vous avez croisé la pub aujourd’hui ?
  • Assoziationen zu dem vorgesehenen Werbethema sammeln (bei Reisespots zum Land, bei Produktwerbesports zu den Produkten oder deren Wirkung, bei Wahlwerbung zu der Partei, um deren Spot es geht etc.)
  • Standbild
  • Plakat beschreiben

II Analyse von Werbung

a. Sujets d’observation

  Notes
le produit    
le clientèle cible (age/ revenu / état civil / sexe / statut social / métier etc.)  
les images (images centraux – produit ou besoin ?, situation, personnes)  
plans de caméra  
couleurs (clair, foncé, noir, blanc…)  
musique / sons  
désirs, besoins, styles de vie, sentiments, clichés qui sont touchés par le clip  
langage (langue, niveau de langue, humour)  
l’implicite – messages / promesse qui sont faites par le clip  
texte / slogan / logo  
l’explicite –  informations données du produit  
lien / contraste entre les images et le texte  
effet (ennuyant, amusant …)  

b. Beobachtungsaufträge

  Notizen
das Produkt    
die Zielgruppe (Alter/ Einkommen / Familienstand / Geschlecht / sozialer Status / Beruf etc.)  
Bilder (zentrale Bildelemente – Produkt oder Bedürfnis, das im Mittelpunkt steht?, Situation, Personen)  
Kamera-einstellungen  
Farben (hell, dunkel, schwarz, weiß…)  
Musik / Geräusche / Klänge  
Wünsche, Bedürfnisse, Lebensstile, Gefühle, Klischees, die im Clip zum Tragen kommen  
Sprache(Sprache, Sprachniveau, Humor…)  
das Implizite Botschaften/ Versprechungen, die im Clip gemacht werden  
Text / Slogan / Logo  
das Explizite – Informationen zum Produkt, die genannt werden  
Verbindung bzw. Kontrast zwischen Text und Bildern  
Wirkung (lustig, unterhaltsam, langweilig …)  

c. Werbestrategien herausfiltern

  • Das AIDA – Prinzip : Attention – Intérêt – Désir – Action
    • verschiedene Werbeplakate / -clips nebeneinander stellen und daran das AIDA-Prinzip dekodieren lassen
    • Regardez les pubs présentés et indiquez les 4 élements de la strategie AIDA en complétant le tableau suivant.
  clip N° 1 clip N° 2 clip N° 3 clip N° 4
A – Attention        
I – Intérêt        
D – Désir        
A – Action        

 Idée selon Hasebeck (2009)

  • KISS – Keep it short and simple
    • Explique en quoi la stratégie KISS – Keep it short and simple est réalisée par la pub présentée.

d. Die Macht der Bilder / Le pouvoir des images

  • Bildausschnitte aus Werbung zeigen und mit komplettem Bild vergleichen (PA/ GA etc.) à Bildbeschreibung mit entsprechenden sprachlichen Mitteln (au premier plan, à l’arrière plan etc.)
  • Werbeclips zu zweit erarbeiten: 1 Partner sieht den Clip ohne Ton, der andere hört den Clip ohne Bild à Wirkung jeweils beschreiben und vergleichen, dann Rollen tauschen à Bild- und Tonspur können recht einfach mit Hilfe der kostenfreien App „Splice“ voneinander getrennt werden
  • Logo analysieren: enthaltene Elemente, Farben, Symbole und deren Wirkung

e. Wirkung der Sprache / L‘effet du langage

  • Slogans analysieren: z.B. Rhythmen und Klänge anhand gängiger Slogans erarbeiten (homonymes, allitérations, assonances, rimes, gradations etc.)
  • Assoziationen zur (Fremd)sprache (Akzent, Klischees, Humor,…), Worin besteht genau der Humor eines bestimmten Clips? / Welche Wirkung soll damit erzielt werden? / Wird das tatsächlich erreicht?
  • bestehende Spots: nur Bildspur anschauen und SuS selbst synchronisieren lassen, „Leerstellen“ sprachlich füllen lassen (Kommentar schreiben lassen) [à siehe auch IV Kreativaufgaben]
  • Einsatz einsprachiger Wörterbücher zur Erarbeitung von Sprachspielen/ Wortspielen

f. Vergleich deutscher mit französischer Werbung

  • Werbespots aus beiden Ländern vergleichen (z.B. Spots der gleichen Produkte [Schöfferhofer – Kronenbourg, SNCF – Deutsche Bahn, Renault – Opel…] / Parteien [z.B. AfD-Spot zur BT-Wahl 2017 und Spot des Rassemblement National der Präsidentschaftswahlen 2017] / Reiseziele etc.
  • Si une entreprise allemande/ française proposait une telle publicité, comment réagirait la plupart des allemands/ français ? Pourquoi ?

g. Weitere Analyseaufträge und -methoden

  • Wertequadrat (Thinking through Geography)
    • v.a. zum Vergleich diverser Werbespots und deren Zielgruppen geeignet
    • z.B.: Welche Werte könnten die jeweiligen Zielgruppen haben?
Zone de Texte: avoir un style de vie „cool“ / urbain 
einen hippen / urbanen Lifestyle haben
  • le cube des perspectives / Perspektivenwürfel (Thinking through Geography)
    • ebenfalls sehr gut zur Analyse und Vergleich der möglichen Zielgruppen verschiedener Spots geeignet
    • ähnlich wie Wertequadrat, nur dass 3. Ebene verglichen werden kann (z.B. Alter)
    • für wen hat ein Spot die größte Wirkung und weshalb?
Zone de Texte: revenu élevé
hohes Einkommen
  • bei Reisewerbung:
    • Raumkonzepte (v.a. 4. Raumkonzept „Raum als Konstruktion“ im Vergleich zu anderen Raumkonzepten [„Raum als Container“, „Raum als System von Lagebeziehungen“, „Raum als Sinneswahrnehmung“])
    • Lebendige Karte (Thinking through Geography): in Länderkarte eintragen lassen,wo welche Sequenz gedreht worden sein könnte (Strand, Großstadt, Felder etc.)? Mit welchem Ziel/ welcher erwünschten Wirkung?

III Diskussion

  • variiert thematisch stark je nach Art der ausgewählten Spots
  • La provocation / L’alarmisme comme moyen de style pour atteindre le destinataire / les électeurs – légitime ou non?
  • Entre « art » et « responsabilité morale », y a-t-il des tabous dans la pub?
  • Diskussionen können je nach verfügbarer Zeit und Vorbereitungsaufwand im Plenum, als Pro-/Contra-Debatte oder auch als Rollendiskussion (z.B. folgende Rollen: Chef einer Werbeagentur, Journalist, Vertreter des Ethikrates/ Philosoph, Firmenvertreter des jeweiligen Clips etc…) durchgeführt werden

IV Kreativaufgaben

a. Clips und Plakate verändern

  • eigene Slogans/ Texte entwerfen lassen:
    • Text in der Fremdsprache zu einem Clip, der in der Muttersprache vorliegt, entwickeln lassen und einsprechen (geht ebenfalls sehr einfach mit „Splice“)
    • funktioniert genauso bei Werbeplakaten, dann schriftlich und ggf. tatsächlich Kreation neuer eigener Plakate mit Hilfe diverser Fotoprogramme
  • garder le slogan, changer des détails / une petite partie du visuel afin de changer le message
  • la nouvelle cible 
    • Transformez l’image ou le slogan afin que la pub s’adresse à un public cible tout à fait différent.
    • p.ex. un public féminin pour un produit masculin, un produit jeune pour un public âgé, un produit haute gamme pour un produit à prix serré ou l’inverse
  • le collage 
    • Réalisez un collage d’éléments provenants d’au moins 4 pubs différentes pour faire la pub d’un nouveau produit existant ou fantaisiste.

b. Selbst einen Spot drehen

  • SuS müssen Handlung, Stroyboard (Einstellungsplan), Kommentar und ggf. Musik planen und realisieren
  • detaillierte Arbeitsaufträge zu jedem einzelnen Schritt sind notwendig
  • viel Zeit für Planung einrechnen
  • geht genauso für den Entwurf eigener Werbeplakate

zu IV a) und b):  hinterher Ausstellung / Rundgang mit kriteriengeleiteter Bewertung der besten Anzeigen / Spots

Literatur zum Thema 

Böing, M. XXXX    BENIDORM

Frederking, V., Krommer, A. & Maiwald, K. (³2018): Mediendidaktik Deutsch. Eine Einführung. Grundlagen der Germanistik Bd. 44. Erich Schmidt-Verlag. Berlin.

Gauvillé, M. & Mennesson, A. (2001): Horizons. Dossier La pub. Ernst Klett-Verlag. Stuttgart.

Hesebeck, B. (²2009): Geist ist geil! Wie Werbung gemacht wird. Oroverde – Die Tropenwaldstiftung. Bonn. Internet: https://www.regenwald-schuetzen.org/fileadmin/user_upload/pdf/Projekt/Geist-ist/geist-ist-geil-materialpaket-komplett.pdf (Zugriff am 10.01.2019)

Vankan, L. (Hrsg.), Rohwer, G. & Schuler, S. (2007): Denken lernen mit Geographie. Diercke Methoden. Westermann-Verlag. Braunschweig.

Wardenga, U. (2002): Räume der Geographie. Zu Raumbegriffen im Geographieunterricht. Internet: https://homepage.univie.ac.at/christian.sitte/FD/artikel/ute_wardenga_raeume.htm (Zugriff am 2. März 2019)


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GIRAF-IFFD, une association franco-allemande de jeunes chercheuses et chercheurs

Par Alice Volkwein[1] et Paul Maurice[2]

GIRAF-IFFD (Groupe interdisciplinaire de recherche Allemagne-France – Interdisziplinäre Forschungsgruppe Frankreich-Deutschland) est une association de jeunes chercheurs, doctorants et post doctorants en littérature, sciences humaines et sociales dont les travaux concernent la France et les pays de langue allemande. L’association GIRAF est née de rencontres qui se sont déroulées lors de la première université d’été franco-allemande de doctorants tenue à Berlin en 2002. De jeunes chercheurs francophones et germanophones, travaillant dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales, ont pris conscience des limites de leurs connaissances sur les recherches réalisées « de l’autre côté du Rhin », ainsi que de la similitude des problèmes pratiques rencontrés lors de l’entrée dans le monde de la recherche. De ces constats est née l’idée de mettre en place un réseau de jeunes chercheurs qui travaillent parfois sans le savoir sur des sujets proches : la complémentarité des cultures scientifiques française et allemande ainsi que l’enrichissement réciproque d’approches disciplinaires différentes devaient être mis à profit. L’association s’est donnée pour but de mettre en place un réseau d’informations administratives, scientifiques, et pratiques, de contribuer à favoriser les échanges scientifiques entre les jeunes chercheurs, et enfin de créer et entretenir un vrai dialogue avec les différentes institutions françaises et allemandes du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur[3]. Le réseau GIRAF-IFFD a donc pour vocation première d’encourager les échanges, dialogues et synergies entre jeunes chercheurs francophones et germanophones, afin qu’ils élaborent ensemble des projets scientifiques exigeants que viennent enrichir l’apport de deux traditions scientifiques et le maniement de deux langues différentes. GIRAF-IFFD est dans le même temps un lieu où l’on discute et résout des problèmes concrets, depuis la recherche de financements jusqu’à l’échange d’appartements lors des séjours dans le pays partenaire, en passant par la constitution de binômes pour la correction de travaux de recherche. Les pages Internet[4], Facebook[5], Twitter, LinkedIn et Academia[6] de l’association jouent un rôle majeur dans la consolidation du réseau.

Outre des réunions mensuelles dans différentes villes où sont présents les membres de l’association, GIRAF-IFFD organise également tous les deux ans un atelier de recherche interdisciplinaire réunissant une vingtaine de jeunes chercheurs germanophones et francophones. Ces ateliers, organisés avec le soutien de l’UFA-DFH[7], du CIERA[8], de l’OFAJ-DFJW[9] ou du DAAD[10] et de diverses universités françaises et allemandes, ont tous abouti à une publication bilingue[11]. En effet, une caractéristique de tous les ateliers interdisciplinaires de GIRAF-IFFD est de mettre l’accent sur un concept ou un couple de concepts mettant en lien les différentes disciplines représentées au sein de l’association (par exemple en 2012 « Le Passage » / „Der Übergang“ ; en 2013 « Politique et Altérité » / „Politik und Alterität“ ; et en 2018 « Émotions, politique et médias » / „Emotionen, Politik und Medien“). Les ateliers de recherche offrent donc aux membres de GIRAF-IFFD la possibilité d’organiser un colloque international, du projet scientifique jusqu’à la publication, en passant par la levée de fonds et la mise en œuvre logistique en collaboration avec les diverses institutions franco-allemandes, ce qui a permis à l’association d’être désormais reconnue comme une association franco-allemande incontournable[12].

D’autre part, GIRAF-IFFD mène régulièrement des enquêtes sur différents sujets au cœur des préoccupations des jeunes chercheurs français et allemands. Dans ce cadre, l’association s’est alors penché en 2009 sur le thème de la difficile insertion professionnelle des doctorants.  Les enquêtes ont révélé un pessimisme partagé dans les deux pays, qui repose sur des difficultés réelles. Cependant, concernant tout aussi bien une carrière dans la recherche qu’une possible réorientation professionnelle après le doctorat, la situation a été dans l’ensemble évaluée de manière plus favorable en Allemagne qu’en France. Sur la base de ce constat, de nouveaux partenariats ont été noués, notamment avec l’Association Bernard Gregory engagée pour l’insertion professionnelle des jeunes docteurs, et des propositions concrètes d’amélioration ont pu être formulées et proposées aux établissements d’enseignement supérieurs partenaires. La dernière enquête en 2015 était consacrée aux changements des conditions générales se rapportant au doctorat dans le cadre du processus européen de Bologne et aux effets de ceux-ci sur la pratique scientifique des doctorants[13].

Aujourd’hui GIRAF-IFFD se trouve dans une phase de consolidation de ses orientations et de ses activités : l’association, ses ateliers de recherche et ses enquêtes jouissent d’une audience de plus en plus large, en France comme en Allemagne. Des disciplines très variées sont représentées au sein de l’association, les études germaniques (civilisation, littérature, linguistique allemandes), la littérature française, la littérature générale et comparée, l’histoire, la géographie, la philosophie, les sciences politiques, la sociologie, les relations internationales, la communication, la psychologie, le droit ou bien les sciences de l’éducation.  GIRAF-IFFD développe donc de nouveaux partenariats et consolide son ancrage dans la recherche franco-allemande. Dans ce domaine, GIRAF-IFFD a deux missions à remplir, auxquelles est confrontée toute association dont l’ensemble des membres est changeant par nature. Il y a ainsi un impératif qui lui est étroitement lié : maintenir le contact avec les anciens membres, qui n’ont plus le statut de jeuneschercheurs ou chercheuses, mais restent potentiellement d’importants interlocuteurs et diffuseurs pour GIRAF-IFFD. Il y a enfin un besoin d’une continuité, requérant pour cela que GIRAF-IFFD se fasse connaître auprès des étudiants, futurs étudiants et jeunes chercheurs et chercheuses toujours aussi nombreux dans le domaine de la recherche franco-allemande et à laquelle les élèves des classes Abibac peuvent aspirer.


[1] Alice Volkwein enseigne l’allemand en spécialité en Lettres Supérieures et Première Supérieure (Hypokhâgne et Khâgne) au Lycée Claude Monet à Paris. Elle a été présidente de l’association GIRAF-IFFD (2008-2012).

[2] Paul Maurice enseigne l’histoire-géographie en section européenne et Abibac au Lycée Albert Schweitzer du Raincy dans l’académie de Créteil. Il est par ailleurs membre du bureau de l’association GIRAF-IFFD.

[3] Henning Fauser, « GIRAF-IFFD – Eine deutsch-französische Nachwuchsforschervereinigung », in Dorothee Röseberg, Marie-Therese Mäder (dir.), Le Franco-Allemand. Herausforderungen transnationaler Vernetzung. Enjeux des réseaux transnationaux, Berlin, Logos Verlag, 2014, p. 239-248.

[4] Site Internet de l’association : http://www.giraf-iffd.eu/gs/

[5] https://www.facebook.com/GirafIffd

[6] https://giraf-iffd.academia.edu/GIRAFIFFD

[7] Université franco-allemande – Deutsch-Französische Hochschule :

https://www.dfh-ufa.org/fr/recherche/abg/newsletter-et-archives/2015/newsletter-012015/giraf-iffd/

[8] Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne :  http://www.ciera.fr/en/node/1980

[9] Office franco-allemand pour la Jeunesse – Deutsch-Französisches Jugendwerk :  http://histoire-memoire.ofaj.org/liens-utiles

[10] Deutscher Akademischer Austauschdienst :  https://www.daad-france.fr/files/2017/08/eNL_DAAD_Paris_12.pdf

[11] La dernière en date étant : Silvia Richter & Maude Williams, (Hrsg./dir.), Zum Phänomen des Austauschs in den Geistwissenschaften/Les phénomènes de l’échange dans les sciences humaines, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2016

[12] Alice Volkwein, « GIRAF-IFFD Groupe interdisciplinaire de recherche entre l’Allemagne et la France – Interdisziplinäre Forschungsgruppe Frankreich Deutschland », in Nicole Colin, Corine Defrance, Ulrich Pfeil, Joachim Umlauf (dir.), Lexikon der deutsch-französischen Kulturbeziehungen nach 1945, 2. Auflage, Tübingen, Narr Verlag, 2015, p. 273-274. La traduction française, Lexique des relations culturelles franco-allemandes depuis 1945 doit paraître à Lille aux Presses universitaires du Septentrion en 2019.

[13] Agathe Bernier-Monod, Valérie Dubslaff, Annette Lensing, Naomi Truan & Bérénice Zunino, « Le doctorat nouvelle mouture : pratiques et vécu en France et en Allemagne. Une enquête de l’association GIRAF-IFFD », In Helsa Meise, Thomas Nicklas & Christian E. Roques (dir.), Hybridisierungen, Hybridations, Reims, Les Éditions de l’Épure, 2017, p. 297–314.

L’Abibac au croisement des langues et du langage

Deux philosophies du langage en Allemagne et en France : Heidegger et Merleau-Ponty

                   par Augustin Rigollot, élève en Terminale S Abibac, lycée Alphonse Daudet, Nîmes

            Après trois années en Abibac, jongler avec les langues française et allemande devient presque une habitude. Pourtant il arrive parfois que la traduction d’un mot semble échapper, que tous les équivalents possibles dans la langue de Molière paraissent trop faibles, ou doués en quelque sorte d’une vie différente. C’est là, sur cette ligne de rupture, depuis le sommet de cette mince crête, que nous contemplons réellement le langage, dans ce qu’il a de « dévoilant » d’une pensée ou d’un être, pour reprendre le mot de Heidegger. Le langage doit dès lors être pensé comme une réalité constitutive de notre être, et le dépassant à la fois. Il est alors antérieur à la formation de notre pensée : c’est la vision de Merleau-Ponty, pour qui « beaucoup plus qu’un moyen, le langage est quelque chose comme un être »[1]. Du langage comme moyen au langage comme fin, Heidegger et Merleau-Ponty nous livrent deux visions et deux cheminements complémentaires, de part et d’autre du Rhin. On tentera ici d’établir un dialogue entre leurs pensées.

            La vision de Heidegger

            Heidegger assimile le langage au discours[2], ainsi qu’au Parler, tout autant qu’à la langue[3], qui sont représentatifs de la pluralité des usages et des implications de la parole. Ce discours permet non seulement à l’homme de s’exprimer mais aussi de se comprendre : en cela que la langue est symptomatique d’un état et d’une humanité, elle interroge notre être. L’essence du langage et celle de l’Homme sont liées. Nous pouvons alors postuler qu’apprendre une langue c’est apprendre à être plus humain. Heidegger inscrit le langage comme un existential, c’est-à-dire un élément constitutif du monde[J2] . Il définit en effet un existential comme se rapportant intrinsèquement à l’existence humaine. Est dit existential tout constituant de l’Homme et de son monde. L’existential est plus profond que l’existentiel, en cela que ce dernier ne s’attache qu’à la façon dont l’Homme ressent son existence, tandis que l’analyse existentiale va plus avant dans la compréhension. Mais le langage est aussi un moyen d’interroger le réel et l’humain, ou plutôt l’état d’Homme, c’est-à-dire « l’être-là » et « l’être au monde »[4]. Les existentiaux constituent la base de ce que nous sommes. Le langage est donc une ouverture du monde en même temps qu’une ouverture sur et vers le monde. En nommant, on rend le monde visible, on ouvre le monde, on le découvre: sans mots, le monde n’a pas d’épaisseur. [J3] 

Mais la pensée de Heidegger évolue par la suite, et le langage devient aussi la « maison de l’être » [5]comme il l’écrit au philosophe français Jean Beaufret. L’usage de la parole, c’est l’affirmation du Moi face au néant ; mais lorsque la parole se fait bavardage (« Gerede » ou « Geschwätz »), lieu commun, banalité, ne voile-t-elle pas la réalité plus qu’elle ne la libère ? Ne perd-on pas alors le sens originaire et originel du langage ? Il faut dès lors chasser l’inauthentique et détourner « l’être-là » de cette parole superficielle, afin de renouer avec la question ontologique. « L’être-là » étant ce caractère singulier qui caractérise l’être humain, l’ontologie, c’est-à-dire l’interrogation sur l’Etre et le sens du mot être, doit retrouver, notamment par la langue, ce qu’est l’Homme. Pour cela, Heidegger revient à ce qui est la base du langage : le signe. Le signe[6], c’est celui qui signifie à l’Homme sa condition, mais c’est aussi celui qui lui fait signe, c’est-à-dire qui l’alerte sur ses dérives, et celui qui l’oriente et l’aide.  Ainsi, qu’il s’agisse de Zola en France, qui utilise le langage pour alerter dans J’accuse ses contemporains, ou de Lessing, qui, dans Nathan der Weise, oriente son lecteur sur la voie de la tolérance, tous deux utilisent le langage pour aider leurs lecteurs. Nous commençons ici à apercevoir la distinction entre le langage, ensemble plus vaste, et la langue, plus restreinte, étant donné les particularismes locaux qu’elle induit. Ainsi, Zola et Lessing, de langues différentes, usent pourtant tous les deux du langage pour faire signe, ils convoquent, évoquent, invoquent et provoquent, autant de mots dérivés du latin « voco » l’appel, et donc de la voix et de la parole.

L’usage le plus noble du langage est pour Heidegger la poésie, lorsque le langage ne revêt pas de fonction utile, qu’il est langage pur, comme il le développe dans son essai Hölderlin et l’essence de la poésie. Pour Heidegger, « le parler à l’état pur est poème »[7]. Le langage poétique aurait une puissance décelante, dévoilante, bien plus forte que le langage commun, car la parole poétique est à la fois réinvention et remotivation de la parole. « Si l’homme « a » la parole, c’est donc pour lui une détermination essentielle. S’il est homme, c’est parce qu’il est « diseur », montreur d’Etre […] »[8]. Cela résume assez bien la vision de Heidegger sur la poésie et son apport à la langue et à la pensée. Le propre du poète est d’être un « diseur », et donc un Homme. Alors, la fonction du poète n’est plus, comme le voulait Baudelaire « extra-humaine »[9], mais au contraire plus humaine, car plus profondément engagée dans l’usage de la parole, donc dans la vérité du langage.

La vision de Merleau-Ponty

            « La parole est un geste et sa signification un monde » écrivait Merleau-Ponty[10]. Pour ce philosophe français, disciple de Husserl, la parole, comme toutes nos actions, ne peut se penser que comme une interaction de l’individu avec le monde. Pour Merleau-Ponty comme pour Husserl, « toute conscience est conscience de quelque chose »[11]. Mais alors le langage est problématique pour le phénoménologue, en cela qu’il se réfère au signe, qui se pense comme une unité indépendante. La phénoménologie, qui voulait justement faire coïncider expérience sensible et intelligible, se heurte ici à une difficulté : le signe semble au contraire établir une différence stricte, arbitraire, entre l’intelligible et le sensible. Ce paradoxe du langage dans la phénoménologie peut être résolu si l’on admet que le langage est une expérience sensible, l’expérience de la parole.

Là, Merleau-Ponty rejoint Heidegger et reconnaît dans la parole un fondement de notre pensée. La parole préexiste à la signification, donc à la pensée. Tant que nous ne parlons pas, notre pensée est noyée dans le magma de l’esprit, elle n’existe pas en tant que telle. Je ne connais donc pas totalement ma pensée avant de l’exprimer.  « La pensée trame dans le langage »[12] dira Merleau-Ponty. D’ailleurs, l’expression prendre la parole est emblématique : si je la prends, c’est bien qu’elle existe déjà, qu’elle est là, et que je la rends sensible à l’autre. Lorsque je parle, ma parole s’inscrit dans un monde où le langage œuvre déjà. Parler, c’est s’éclater vers le monde. La parole est sensible, car elle provient du corps, mais elle transcende le sensible vers l’intellect car elle est aussi pensée. La parole est action des cordes vocales, et action du tympan pour être entendue, mais elle est aussi expression du cerveau, construction intelligente.[J4]  Ici, Merleau-Ponty fait écho au philosophe allemand Wilhem von Humboldt, pour qui le langage est à la fois instrument, « organon » et énergie, « energeia » au sens de pensée[13]. Le langage structure donc la pensée. C’est aussi ce que l’on nomme l’hypothèse de Sapir-Whorf[14].

Pour Merleau-Ponty comme pour Heidegger, la fonction du langage n’est pas seulement la communication, mais aussi une réflexion sur soi-même, elle nous forme. Le philosophe français ajoute « les mots ne peuvent être les « forteresses de la pensée » et la pensée ne peut chercher l’expression que si les paroles sont par elles-mêmes un texte compréhensible et si la parole possède une puissance de signification qui lui soit propre »[15]. En effet, l’intonation, les gestes qui accompagnent la parole lui donnent un sens plus vaste que les mots seuls. En cela, l’acte de parole est nécessaire au sens. C’est d’ailleurs ce que montre Nathalie Sarraute lorsqu’elle questionne le langage dans sa pièce Pour un oui ou pour un non[16]. Finalement, la parole pour Merleau-Ponty est un emblème du sens, la parole permet la pensée, elle lui donne corps par la voix, elle la modifie plus qu’elle ne la fige, elle ajoute sa signification propre. En définitive, le langage est donc expression plus que signe.

            Une complémentarité ?

            Nous avons souligné à travers l’exposé de la pensée de Merleau-Ponty et de Heidegger les points communs qui les réunissent, qu’il s’agisse de l’influence de Husserl sur leurs œuvres ou de leurs visions du langage comme dépassant l’Homme, mais aussi de leurs conceptions de la pensée. Tous deux ont montré en quoi le langage était bien plus qu’un simple moyen de communication. Mais si Heidegger cherche à remonter à la langue véritable, celle des origines, notamment à travers la poésie, Merleau-Ponty lui se concentre plus sur l’aspect sensible de la parole comme acte corporel, et souligne dans quelle mesure le fait de parler ajoute du sens à notre pensée. Apprendre une langue étrangère, c’est alors réaliser une expérience aussi sensible qu’intellectuelle, certes pour communiquer, mais au-delà dans le but d’atteindre peut-être plus de vérité, d’humanité, de voir le monde différemment, au prisme d’un langage nouveau. Quid de la différence entre langue et langage ? Comme nous en avions déjà l’intuition, le langage englobe les langues, qui sont autant de variations du langage. Mais les langues, si l’on admet le langage comme révélateur d’une pensée, induisent alors des pensées différentes, ou plutôt des façons différentes de voir et de découvrir le monde. Apprendre une langue, c’est alors compléter sa propre vision, l’enrichir, tenter de rassembler les fragments parcellaires du langage disséminés dans le monde. Lorsque l’on considère une langue, non plus comme un simple moyen, mais comme une finalité, lorsque l’on profite de la joie de parler et d’écrire une langue étrangère, tout en l’inscrivant dans le cadre du langage, on s’aperçoit de la beauté de la parole. Apprendre une langue, c’est non seulement en connaître la grammaire, les règles, l’orthographe – car nécessaires à sa pratique – mais c’est aussi s’imprégner d’une pensée nouvelle, d’une culture nouvelle, d’une poésie nouvelle : c’est là aussi la fonction de l’Abibac. Enfin, il ne faut pas oublier que le silence est aussi important que la parole, car il est la toile sur laquelle elle se détache, il est le fond sans laquelle elle ne peut exister, c’est pourquoi il faut parfois aussi savoir se taire.[J5] 


[1] Maurice Merleau-Ponty, Signes, 1960, p.57.

[2] Martin Heidegger, « die Rede », in Sein und Zeit, 1927.

[3] Martin Heidegger, « die Sprache », in ibid.

[4] Martin Heidegger, « Dasein », in ibid.

[5] Martin Heidegger, « Lettre sur l’Humanisme, Brief über den Humanismus », 1947.

[6] Martin Heidegger, « Zeigen », in Unterwegs zur Sprache (Acheminement vers le langage), 1959.

[7]Martin Heidegger, Unterwegs zur Sprache, 1959, p.18.

[8]D’après Luce Fontaine-de-Visscher, « La pensée du langage chez Heidegger », in  Revue Philosophique de Louvain, t. 64, n°82, 1966. pp. 224-262 et p. 249.

[9]Charles Baudelaire, Théophile Gautier par Charles Baudelaire. Notice littéraire précédée d’une lettre de Victor Hugo, 1859.

[10] Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1976, p. 214.

[11] Edmund Husserl, Méditations Cartésiennes, « 2eme Méditation », 1929 et 1931 pour la 1ère éd. (en français – traduite de l’allemand).

[12] Maurice Merleau-Ponty, Signes, 1960.

[13] Wilhelm von Humboldt, Über die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaus und seinen Einfluss auf die geistige Entwicklung des Menschengeschlechts, 1836.

[14] Du nom d’Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf : hypothèse selon laquelle le langage influence notre façon de penser. Des langues différentes traduisent des façons de penser différentes. Cf. Edward Sapir, Selected Writings in Language, Culture, and Personality, 1985.

[15] Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1976, p. 211.

[16] Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non, 1981 (scène d’exposition): « Pas tout à fait ainsi… il y avait entre « C’est bien» et «ça» un intervalle plus grand : « C’est biiien… ça… » Un accent mis sur « bien »… un étirement : « biiien…» et un suspens avant que « ça » arrive… ce n’est pas sans importance. »


 [J1]Excellent

 [J2]Clair et concis

 [J3]C’est plus clair.

 [J4]Précision importante. Merci. C’est moins abstrait.

 [J5]Très bien mené. Félicitations !

Au défi de l’arbre

Présentation d’un projet mené en classe de Terminale Abibac au lycée Faidherbe de Lille autour du roman de Jurek becker, Jakob der Lügner

par Christophe Lapalus[1]

Cet article vise à présenter brièvement les deux vidéos qui l’accompagnent et qui sont le fruit d’un travail en atelier sur les premières pages du roman de Jurek Becker, Jakob der Lügner. Il est né des interrogations suscitées chez les élèves par la lecture de l’incipit qui désempare. Le projet a des allures de défi. Il a en effet pour ambition de porter à l’écran ce que les deux adaptations cinématographiques n’ont pas ou à peine pris en compte : les trois premières pages du roman qui évoquent la fascination du narrateur pour les arbres. Le roman s’ouvre en effet sur un jeu de devinette. Des voix sans nom cherchent à mettre au jour les raisons du rapport singulier du narrateur aux arbres. Le jeu tourne court, la réponse est introuvable parce que multiple et liée à divers événements de la vie du narrateur :  une chute du haut d’un pommier, la découverte de l’amour sous un hêtre, l’exécution de sa femme, Chana. Ces épisodes, aussi intimes et traumatiques soient-ils, n’expliquent pourtant que très partiellement la fascination du narrateur pour les arbres. La raison principale est ailleurs. Le narrateur pointe dans un nouveau paragraphe la violence symbolique d’un règlement qui prévoyait l’interdiction des arbres dans le ghetto polonais où il grandit avec ses parents et des milliers d’autres Juifs. Vingt-cinq ans plus tard, à la fin des années 60, cette interdiction qui reste incompréhensible à ses yeux continue de le hanter. Pour tenter de se libérer de ce passé obsédant, le narrateur finit par raconter l’histoire de Jakob, un habitant du même ghetto.

Jakob der Lügner par les élèves du lycée Faidherbe de Lille

L’analyse de cet incipit suscite chez les élèves de nombreuses questions : Pourquoi le roman ne commence-t-il pas directement par l’histoire de Jakob ? Pourquoi commencer par cette évocation de l’arbre ? Qui est ce narrateur ? Pourquoi commencer par ce jeu de devinette ? Qui sont ces voix ? S’agit-il d’un prologue ? Ce passage est-il important pour l’intrigue ?

Jakob der Lügner par les élèves du lycée Faidherbe de Lille

Ces questions appellent évidemment des tentatives de réponse mais elles sont aussi et peut-être surtout porteuses d’une dynamique initiée par les premières lignes du roman. En égrenant ces interrogations, les élèves entrent dans le jeu de devinette inaugural et ajoutent leurs voix à celles que le narrateur semble entendre. La fin précoce du jeu sifflée par le narrateur est la marque d’une impossibilité de se comprendre, malgré la bonne volonté évidente des joueurs qui semblent chercher l’origine de cette fascination pour les arbres. Plus largement, n’est-ce pas ici en filigrane l’indicible, l’incompréhensible de la Shoah, dès les premières pages du roman ?


[1] Professeur d’allemand en section Abibac au lycée Faidherbe de Lille

Ode à l’Abibac, par Nashine Dorrani, du lycée Jean Dautet de La Rochelle

J’ai eu le plaisir de faire partie d’une classe Abibac. J’insiste sur le mot plaisir et oh quel plaisir ce fut ! D’abord réticente en troisième, je me suis finalement laissée tenter par l’aventure. J’insiste également sur le terme aventure. En effet, je vous mets en garde : L’abibac ce n’est pas n’importe quoi. Pendant trois années, on subit une émulation constante, une pression créatrice due à une importante charge de travail mêlée à une ambiance de groupe incomparable. Un navire de vingt-quatre élèves et deux professeurs, en route vers l’Abitur. Et c’est vrai qu’on y arrive, finalement, à cet Abitur tant convoité. Mais comme dans chaque voyage, ce qu’on retient, c’est le trajet. Et quel riche trajet, que dis-je, périple ! De nombreuses escales en Allemagne, tout naturellement : six mois pour certains, trois pour d’autres, puis plusieurs fois une semaine. On se noie dans les déclinaisons, on sombre dans les méandres des analyses de texte. Mais l’équipage est toujours là pour nous sortir de l’eau. Ça reste et restera une des constantes universelles de l’Abibac : nous ne sommes pas seuls, et heureusement.

J’ai fait mon Abibac au lycée Jean Dautet de La Rochelle, qui a pour spécificité d’encourager très fortement les élèves de seconde à partir en Allemagne pour un minimum de trois mois. La majorité part pendant six. On comprend donc dès le mois de septembre qu’on va vivre trois années singulières. Vers la fin du mois de janvier, les premiers départs commencent. La classe se vide au compte-goutte. Les au-revoirs se succèdent. Nous nous retrouvons tous catapultés dans des familles inconnues, avec pour seule mission : survivre. Bien sûr, passées les angoisses des premiers jours, les langues se délient mais parfois très difficilement, surtout que ce ne sont pas les mêmes, ces langues ! Il est évident que l’apprentissage « sur le tas » est efficace, même si radical, si bien que très vite, on se surprend à ne même plus réfléchir avant d’ouvrir la bouche, à ne pas devoir répéter pour être compris, ou même à rêver dans la langue de l’autre. C’est plaisant, on est fier, on se dit qu’on n’est pas venu pour rien. Alors on communique plus librement, les camarades deviennent des amis et on s’attache à notre vie germanique. Parfois un peu tard : il faut déjà repartir. Pas seul bien sûr ! On est désormais à la charge de notre correspondant.

Nous arrivons alors en classe en Première, nous retrouvons nos amis et nos marques dans une ambiance assez étrange. Un temps d’adaptation est toujours nécessaire. C’est alors reparti pour une année riche, en travail bien sûr, en émotions surtout. On enchaîne les œuvres au programme et les thèmes de civilisation, les dossiers sur l’Europe et les exposés d’histoire. La classe de première laisse place à la classe de Terminale, accompagnée de tout son lot d’échéances : bac, abitur, admissions etc. La pression monte d’un cran, les nuits se raccourcissent, les cernes se rallongent. Parfois des larmes coulent : rarement de tristesse, parfois de joie, souvent de rire. On se rend compte que le temps passe vite, que les derniers moments approchent et alors, on ne sait pas exactement si on voudrait accélérer ou ralentir le temps. Ce qu’on sait, ce qu’on voit, ce sont les échéances et les piles de cours qu’il nous reste à apprendre. Finalement, les épreuves se passent, on y a été suffisamment préparé donc elles se passent même bien et on réalise que c’est la fin de l’Abibac. On était assis sur une chaise, trois ans plus tôt, entourés de personnes inconnues, se demandant si on n’aurait pas mieux fait d’aller dans son lycée de secteur et en un claquement de doigt, on se tient, debout sur l’estrade, notre tant convoité diplôme de l’abitur dans les mains, entourés de visages connus et aimés, se demandant où le temps a bien pu passer.

Aujourd’hui, exactement quatre ans après ma rentrée en seconde, je m’apprête à emménager dans ma colocation en Allemagne. Je suis maintenant un cursus franco-allemand de chimie à l’université de Haute Alsace et à l’Albert-Ludwigs Universität Freiburg. Et quand il sera terminé, j’en parlerais avec autant de joie et de plaisir que l’Abibac. J’insiste sur le mot plaisir et oh quel plaisir ce fut !

De l’Abibac à la double licence d’Allemand et de Lettres Modernes à Paris IV, par Marine Ducoin, du lycée Nelson Mandela de Nantes, promo 2019

Je suis Marine, j’ai 18 ans et je viens tout juste de faire ma rentrée en L1, en double licence d’Allemand et de Lettres-Modernes, dans un cursus en partenariat avec l’Université de Bonn. En juillet dernier, j’ai reçu mon diplôme de l’Abibac au lycée Nelson Mandela à Nantes. Avoir eu la chance d’effectuer ce cursus au lycée m’a permis de m’enrichir d’un point de vue scolaire mais aussi d’un point de vue purement personnel, en effet, grâce à l’Abibac, j’ai pu acquérir des connaissances grammaticales en Allemand et des clefs pour étudier et comprendre des textes en version originale, ce qui s’avère très utile pour ce premier semestre en LLCER d’Allemand. Par ailleurs, j’ai pris l’habitude pendant ces trois dernières années d’avoir des heures de cours uniquement en Allemand (Histoire et Géographie) ce qui me permet aujourd’hui d’avoir un certain confort au niveau de la compréhension de la langue mais également une certaine liberté dans la prise de parole et la prise de notes en Allemand. Je pense qu’en Abibac, on apprend aussi à travailler de manière autonome et efficace, à s’organiser dans la charge de travail qui s’impose et la bonne ambiance dans la classe ainsi que l’écoute offerte par les enseignant.e.s chargé.e.s de ce cursus fait que tout se déroule à merveille. De plus, j’ai eu la possibilité de participer à plusieurs échanges, dont un « Brigitte Sauzay » en Seconde, encore une fois, c’est une expérience enrichissante qui nous permet de progresser dans la langue en elle-même, de perfectionner notre accent et de rencontrer des Allemands, de nouer des liens avec la famille d’accueil et avec le ou la correspondante et bien sûr d’en apprendre plus sur l’Histoire de l’Allemagne. En Première, j’avais pu participer à un projet franco-allemand, financé par l’OFAJ, en devenant Jury Jeune lors du Festival du Cinéma allemand à Nantes, ce qui m’a permis par la suite d’assister au Festival du Cinéma Max Ophüls à Sarrebruck et donc de découvrir des films allemands récents, de rencontrer des jeunes Allemandes de mon âge avec lesquelles j’ai gardé contact et de visiter la ville de Sarrebruck. Je pense que lors de la sélection qui se fait via Parcoursup, les enseignant.e.s qui recrutent dans des filières spécifiques ou à forte demande sont sensibles aux élèves qui sortent d’un cursus Abibac et d’autant plus si ces derniers demandent un parcours qui s’inscrit dans la continuité de ce qu’ils ont pu effectuer au lycée, donc cela ne peut être que bénéfique pour la poursuite d’études.

Entretien avec Christophe Fauchon. Les objectifs de l’Abibac

« Ce qui est visé, c’est un surcroît de citoyenneté : franco-allemande et européenne. »

Chargé de mission au ministère de l’Education nationale (DREIC) depuis 2010, Christophe Fauchon est en charge de la coopération éducative avec l’Allemagne. Il s’exprime sur l’Abibac, qu’il coordonne en partie.

Propos recueillis par Romain Bougourd [1]

Romain Bougourd : Comment la filière a-t-elle été mise en place et avons-nous des chiffres ?

Christophe Fauchon : Le texte officiel de mise en place est l’accord intergouvernemental du 31 mai 1994, dont la signature a suivi une expérimentation d’environ deux ans dans des établissements pilotes. Après la signature de l’arrangement administratif en mai 2006, l’accroissement du dispositif a ensuite été constant avec un objectif d’au moins un établissement Abibac par académie et par Land, atteint pour la France métropolitaine en septembre 2014. Le dispositif concerne aujourd’hui 87 établissements français.

R. B. Quels étaient et sont les objectifs de l’Abibac ?

C. F. : Il s’agissait de développer un enseignement bilingue et un programme d’excellence franco-allemand contribuant au rapprochement de nos systèmes éducatifs. Les programmes sont axés sur un renforcement de l’enseignement de la langue du partenaire et l’enseignement d’une matière en allemand/français : l’histoire, la géographie ou ce que les Allemands nomment les sciences politiques, c’est-à-dire les disciplines les plus à même de sensibiliser à la culture et à l’interculturalité des deux pays. Le rapprochement entre nos deux systèmes éducatifs, s’entend dans une perspective de construction européenne. Avec les projets de notre gouvernement actuel de réforme du baccalauréat français l’Abibac a, de ce point de vue, rendez-vous avec son destin, sur la question notamment de l’introduction d’une dose substantielle de contrôle continu.

R. B. Remarque-t-on des tendances géographiques ?

C. F. : On ne peut nier une évidente concentration géographique dans les zones frontalières : sur les 87 établissements Abibac en France, 18 se trouvent dans l’académie de Strasbourg et en R.F.A., 18 dans le Bade-Wurtemberg. Cela correspond aux besoins de ces régions, mais le dispositif est présent sur l’ensemble des territoires français et allemand, de Pau à Rostock.

R. B. Qu’offre la filière après le baccalauréat ?

C. F. : L’Abibac contribue à la démocratisation de l’excellence et constitue un bassin privilégié pour les cursus de l’Université Franco-Allemande (U.F.A.). Mais nous remarquons que, des deux côtés du Rhin, les élèves ne se précipitent pas toujours vers ces cursus et préfèrent commencer de très bonnes études dans leur pays respectifs, avant de revenir vers le franco-allemand au moment où l’U.F.A. propose des masters conjoints. En France, la réforme de la plateforme Admission post-bac qui devient cette année ParcourSup sera sans doute l’occasion d’appeler davantage l’attention sur les licences conjointes.

R. B. Le problème n’est-il pas plutôt la méconnaissance de cette U. F. A. ?

C. F. : Vous touchez juste mais c’est un peu plus compliqué qu’il n’y paraît, car l’U.F.A. est une agence de moyens qui soutient et finance les cursus franco-allemands mis en place par les universités, ce qui limite sa visibilité. En revanche, les enseignants Abibac connaissent l’U.F.A. et nous comptons engager avec eux et l’U.F.A. un travail de sensibilisation aux cursus eux-mêmes.

R. B. Y a-t-il des retombées diplomatiques de l’Abibac ?

C.F. : Oui, bien sûr, en contribuant, par exemple, à surmonter les différences de nos systèmes éducatifs. Sans le soutien des diplomates et l’extrême proximité de nos valeurs depuis l’après-guerre, nous n‘aurions sans doute jamais développé un Abibac. En formant d’excellents médiateurs franco-allemands, de futurs enseignants, chercheurs, traducteurs, interprètes, voire des diplomates d’avenir, ce qui est visé, c’est un surcroit de citoyenneté : franco-allemande et européenne.

* Aujourd’hui, en France, on compte 87 établissements pour 26 académies (hors Outre-mer), 1 574 candidats à l’examen en 2016 contre 547 en 2007, et sur l’ensemble du cursus depuis la Seconde, nous avions 3 795 élèves en 2010 et 5 401 l’an dernier 


[1] Ancien élève abibac (Le Raincy), Romain Bougourd achève ses études de journalisme. Il a publié des articles dans Le Monde et Le Figaro sur l’éducation et le sport.


Mon échange Sauzay

par Anna Wavrant du lycée Faidherbe de Lille

Hallo ! Mon nom est Anna Wavrant je suis en 1re ES au lycée Faidherbe de Lille.

Voici l’incroyable histoire de mon échange Sauzay.

Il était une fois, dans la belle ville de Lille, une petite fille, née d’un papa français et d’une maman allemande. Sa maman lui parlait allemand. La petite fille fit de nombreux voyages en Allemagne. Devenue adolescente, elle prit la décision de présenter sa candidature en ABIBAC, sans même avoir fait allemand au collège. Vous l’aurez deviné, cette petite fille c’est moi !

Ayant compris l’importance de l’échange Brigitte Sauzay dans le cursus, je me suis mise rapidement à la recherche d’une correspondante, et après de nombreux échanges de mails avec l’Allemagne et des appels vidéo, je pris ma décision : Aline serait ma correspondante ! C’est elle qui vint la première, pendant mon année de Seconde. Nous nous sommes super bien entendues durant tout le séjour et je ne pense pas mentir en disant qu’elle faisait partie de ma famille (nous sommes partis en vacances en Normandie). Elle s’entendait également très bien avec mes amis mais était dans une autre classe. A son départ, nous étions en pleurs et repensions aux nuits dans une chambre hantée, aux batailles de mousse à raser, aux soirées déguisées et aux nombreux fous rires partagés.

Début avril, ce fut à moi de passer 3 mois chez elle, à Bendorf, près de Coblence. Je fus bien accueillie dans sa famille et ses amis étaient toujours sympas avec moi. J’étais également dans une autre classe. J’ai eu du mal à m’intégrer dans un groupe où les amitiés étaient constituées. La situation s’est améliorée au fil du temps. J’aurais aimé pouvoir passer plus de temps avec Aline, mais elle était souvent surchargée de devoirs. Je garde cependant de bons souvenirs de nos soirées, de mon premier concert. Ma famille et mes amis m’ont beaucoup manqué pendant ces trois mois et j’étais heureuse de les retrouver à mon retour. J’espère pouvoir revoir Aline.

Voilà mon histoire… A vous de jouer!