Muri par l’expérience abibac ou non, notre intérêt pour le monde franco-allemand nous a poussé, six étudiants de divers horizons et diverses perspectives, à fonder il y a quelques mois le programme Denkfabrik. Qu’est-ce que Denkfabrik ? Denkfabrik c’est le programme de réflexion franco-allemand du think tank français Génération d’Avenir. L’expérience que nous vivons actuellement dans le pays voisin, les problèmes auxquels nous avons été confrontés mais également les belles rencontres et l’apport d’une telle aventure ont notamment nourri notre motivation à fonder Denkfabrik. Ce groupe de réflexion offre la possibilité à tous les jeunes investis ou non dans le franco-allemand, à des degrés différents, de réfléchir et s’exprimer sur un sujet à enjeu binational qui leur tient à cœur et lorsque nous le pourrons, de se rencontrer. Notre objectif est de récolter des témoignages et expériences de lycéens comme vous via cette consultation en ligne. Ce sont quelques questions qui prennent quelques minutes et qui tentent de se faire une idée de votre profil mais aussi de faire un bilan de ce que l’Abibac vous apporte ou vous aura apporté. Si ces questions et cette démarche réveillent chez vous une réflexion que vous voudriez approfondir, nous adorerions pousser plus loin la discussion et échanger avec vous plus longuement.
Prenez quelques minutes pour répondre: macht mit! C’est par ici:bit.ly/DenkMit-FR
par Eric
Berger du lycée Allende d’Hérouville Saint-Clair
L’exemple du projet-IN des lycées Salvador Allende
d’Hérouville-Saint Clair (Calvados) et du Gymnasium Suederelbe de Hambourg
« Alte und neue Formen politischer Partizipation in Deutschland und Frankreich. Anciennes et nouvelles formes de participation politique en France et en Allemagne Außer Wahlen nichts gewesen? / Au-delà des urnes rien de nouveau ? »
La démocratie parlementaire telle qu’elle existe en France et en Allemagne
se voit régulièrement confrontée à de vives critiques : La classe
politique s’éloignerait de plus en plus des citoyens qui – à force de ne pas
avoir la moindre influence sur les décisions des hommes et femmes politiques
une fois que ceux-ci ont été élus – participeraient de moins en moins aux
élections. Face à de tels lieux communs bien répandus, l’école doit se poser la
question de savoir comment faire comprendre aux élèves la démocratie, ses
valeurs et ses défis – tout pour les préparer à participer activement à la vie
politique, du niveau local au niveau européen. Inspiré par l’année électorale
2017 en France et en Allemagne, le projet « Anciennes et nouvelles formes
de participation politique en France et en Allemagne » a amené les élèves à
s’interroger sur le rôle du citoyen aujourd’hui et les différentes formes de
participations politiques en parallèle du vote traditionnel.
En mars 2018, la classe
de Terminale AbiBac du lycée Salvador Allende à Hérouville Saint-Clair
(Calvados) et la classe de Oberstufe S4 AbiBac du Gymnasium Suederelbe de
Hambourg ont reçu le premier prix des Projets IN 2017, décerné par l’Office
Franco-Allemand pour la Jeunesse, l’Institut Français et l’Institut Goethe, pour
leur projet « Au-delà des urnes, rien de nouveau ? Außer Wahlen
nichts gewesen ? Anciennes et nouvelles formes de participation politique en
France et en Allemagne ». Ce projet répondait en effet aux attendus de
l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse ou DFJW) pour les Projets
« IN » comme innovant, interculturel et interdisciplinaire.
« Le jury a été
particulièrement sensible à l’actualité du sujet et aux différentes approches
du projet. Construit autour d’un thème d’une telle actualité politique, il a
permis de travailler des compétences linguistiques à l’écrit comme à l’oral.
Après une préparation sur la base de différents textes, c’est son aspect
pratique au moment des discussions avec des experts qui a été favorisé. Il a
été demandé aux élèves une participation active tout au long du déroulement
du projet, ce qui leur a permis de s’extraire de la situation de cours et d’une
réflexion purement théorique. Les élèves ont produit des vidéos autour de
thèmes comme « la république », « la démocratie locale » ou
encore « les réseaux sociaux » qui ont également pu convaincre le
jury. »https://www.ofaj.org/actus/prix-projets-in-2017-decouvrez-le-projet-gagnant.html
Ce travail est un exemple d’activité pratiquée
comme chaque année depuis huit ans entre notre lycée Allende et notre
partenaire hambourgeois, activités animées par les collègues d’allemand et
d’histoire géographie en France et par les collègues de français, histoire et
politique du Gymnasium Suederelbe. La permanence d’un esprit collectif a permis
d’intégrer autour des deux professeurs les plus anciens (notre professeur
d’allemand Elodie Bargy et le professeur de français et politique Dirk Hoffman
) tous les collègues rejoignant les deux équipes, dans une entente
professionnelle et amicale qui a donné lieu à d’autres projets félicités par
l’OFAJ dans le cadre des projets « IN » ou « Tandem »,
comme « die Spuren der DDR », ou, plus difficile car géographique,
« Hamburg-Marseille : von Küstenstadt zur weltweiten
Hafenstadt ».
Le
choix du sujet se fait lors de nos rencontres en tiers-lieu, rencontres
organisées pour créer entre élèves français et allemands le produit final du
thème que l’on vient de travailler pendant quelques mois. Les professeurs dirigeant
le travail des élèves s’accordent une demie journée de réflexion et de
discussion sur le futur projet. C’est ainsi qu’une matinée chaude de septembre
2016 nous a vu décider sur la terrasse de notre auberge de jeunesse
marseillaise que le thème suivant serait, en exploitant l’idée du collègue
allemand de français et politique, l’étude de la position de la jeunesse face
aux échéances électorales en France et en Allemagne de 2017. Le thème doit s’intégrer
aux programmes, pour que le temps qui y est consacré soit gagné sur certains
points de ce programme.
Au
préalable, dans les deux lycées, tous les collègues abibac d’histoire
géographie, et de langue doivent se mettre d’accord pour les répartitions des
classes (ou des semestres de cours à Hambourg). En effet, les projets concernent la classe de
Première, même si la rencontre finale a lieu en tiers lieu en début de
Terminale dans quelques cas. On doit donc décider lors de la discussion du sujet
quel binôme transdisciplinaire prendra celui-ci à sa charge.
La première échéance se situe en octobre 2016,
lorsque l’un des professeurs doit établir un seul dossier de demande de
subvention à l’OFAJ, ou à la DFJW pour les deux établissements, récapitulant
les caractères interdisciplinaires et innovants du thème choisi ainsi qu’un
budget donnant lieu à une subvention, bienvenue pour faciliter la rencontre
finale des élèves français et allemands. Nos collègues de langue, habitués à
ces dossiers, s’en chargent généreusement. L’accord de l’OFAJ intervient en
décembre.
Cette collaboration se traduit ensuite pendant
l’automne et l’hiver d’échanges par mél et téléphone, ou, quand un prix a
couronné le projet passé et permis de recevoir un chèque de l’OFAJ, d’une
rencontre à Hambourg ou à Caen entre les quatre professeurs concernés, ce que
nous avons pu faire en avril 2017. En effet, ces projets méritent une grande
coordination au niveau des attentes dans le domaine des compétences
linguistiques à acquérir par les professeurs et les élèves, de la mise en place
d’une pratique nouvelle pour les élèves, ainsi que pour la réflexion sur le
produit final.
Le travail des compétences linguistiques sur un
thème historique et politique
Les
étapes du travail préparatoire sont faites en interdisciplinarité, en mutualisant
les heures d’AbiBac (littérature et histoire-géographie en France, français et
politique en Allemagne), sur quatre semaines de projet
(« Projektwochen ») réparties entre février et juin.
Le
thème du projet est d’actualité : inspiré par l’année électorale 2017 en
France et en Allemagne, il amène les élèves à s’interroger sur le rôle du jeune
citoyen aujourd’hui et les différentes formes de participations politiques en
parallèle du vote traditionnel et s’intègre dans le programme d’histoire de Première
et Terminale ( étude des régimes politiques en Première et Terminale ) ainsi
que dans les attentes de l’EMC ( Exercer sa citoyenneté dans la République
française et l’Union européenne, en Première )
La
première semaine de projet, organisée essentiellement
en « Stationenlernen » (les élèves en groupes découvrent
successivement, en temps limité, quatre thèmes à travers des documents sur
supports variés, accompagnés de questions) a permis de définir les différents
types de démocratie dans l’histoire depuis l’Antiquité, ainsi que les
différents partis politiques dans les deux pays depuis 1945. Ceci est
l’occasion de différencier des approches distinctes selon les pays en ce qui
concerne la chronologie et les progrès de la participation du peuple, donc de
montrer les importances différentes qu’ont ces notions dans l’esprit des deux
civilisations.
La
deuxième semaine a correspondu à la semaine suivant le premier tour des
élections présidentielles en France. L’étude d’articles de journaux français et
allemands ont permis d’avoir deux regards sur les deux candidats restant et sur
les raisons des défaites des partis traditionnels de droite et de gauche et du
phénomène Macron. En général favorables à ce dernier, les articles allemands
ont montré le regard critique sur les tendances extrémistes françaises en les
reliant aux phénomènes nationalistes anciens des 19eme et 20eme siècles. Cela a
été aussi le moment de commencer à travailler le cœur du sujet, à travers la
création d’un sondage effectué grâce aux questions des élèves, sur un panel de
jeunes de 16 à 25 ans concernant leur intérêt pour les évènements, leur
engagement et leur participation aux mouvements d’opinion politiques et aux
élections. A l’issue du traitement des réponses par les groupes d’élèves, nous avons
comparé avec une enquête opérée sur la jeunesse allemande, pour finalement en
tirer assez peu de différences entre les deux pays. (die Shell Jugend Studie, www.shell.de)
Onze thématiques ont ensuite été déclinées
selon l’intérêt des groupes d’élèves :
– les partis politiques sont-ils nécessaires ?
– l’abstention chez les jeunes et comment y
remédier ?
– la
formation politique des jeunes en France et en Allemagne (deux groupes)
– la démocratie de proximité, son influence sur la
politique générale
– le rôle des réseaux sociaux et d’internet (deux
groupes)
– le métier politique, le citoyen et leur
éloignement (deux groupes)
– le tirage au sort comme alternative à l’élection
– expériences, avantages et inconvénients du vote
électronique…
Ces thèmes ont ensuite été la base du choix des
partenaires de Hambourg, pour commencer le travail binational. Dans le cadre de
cette pédagogie de projet, en troisième semaine, les élèves travaillent en
grande autonomie : ils forment des « tandems » franco-allemands
en choisissant un aspect du thème qu’ils veulent approfondir, d’un problème
qu’ils souhaitent résoudre ensemble. La recherche documentaire leur incombe,
ainsi que le partage de ces informations, la création de schémas heuristiques
…ce partage ne pouvant pas toujours être fait pendant les heures de cours,
les horaires communs à Caen et Hambourg dans le planning hebdomadaire étant
rares.
En France,
pendant la quatrième semaine, les élèves ont rencontré plusieurs personnes
investies dans la politique (maire-adjointe de Caen, directrice de la
proximité, jeune membre de parti politique), pour faire ensuite un compte-rendu
d’expérience aux partenaires allemands lors de la rencontre en tiers-lieu. A
l’issue de ces quatre semaines préparatoires, chaque partie des tandems rédige
un bilan de l’avancée de ses recherches et de son questionnement, dans la
langue cible. Les articles sont publiés sur le blog consacré au projet, sur le
web pédagogique, de même que les résultats des sondages réalisés dans les deux
écoles. Les élèves ont utilisé des supports de communication variés pour cette
étape.
Le problème du langage technique se pose rapidement
et nécessite une mise à plat des connaissances dans le domaine politique, au
besoin en recourant au français pour préciser le sens du langage technique,
avant d’utiliser les mots allemands correspondants et en notant les différences
de sens éventuels, puisque la langue est « le porteur de scripts
culturels » (Florian Niehaus, « le vrai bilinguisme » Revue
Abibac, automne 2017).
Les élèves ont souvent dû travailler sur des textes
des deux langues pour comparer le vocabulaire et ses nuances. Ainsi le mot
« Bürgerinitiative » correspond-il en Allemagne à un comité de
quartier établi, ce que les Français associaient plutôt par exemple à une
pétition. Des nuances apparaissent aussi dans les mots transparents au premier
abord, comme « Engagement » et « Partizipation » qui sont
moins neutres en allemand qu’en français.
La mise en application d’une compétence
active : Expertengespräch
La cinquième et dernière semaine, en octobre, est
consacrée à l’aboutissement de tout ce travail préparatoire : c’est la
rencontre des deux classes à Berlin pour la production finale, dans une auberge
proposant des salles de travail équipées.
En parallèle, les élèves visitent également des institutions clés, comme
le Bundestag et le Bundesrat, et la
Berlines Abgeordetenhaus (ici en
rencontrant quatre députés de la CDU, de
la SPD, des Grünen et de la Linke pendant deux heures) et découvrent la ville
de Berlin. Le point d’orgue de la semaine est l’interview d’un expert allemand
par chaque groupe de travail. En effet, pour ce projet, les enseignants ont
choisi de mettre l’accent sur une méthode allemande particulière pour le cours
de politique (PGW): la rencontre avec un expert (Expertengespräch). Les élèves
ont été mis en relation par leurs professeurs avec des « experts »
capables de répondre aux questions qu’ils se posent sur leur thématique, ou
d’apporter un éclairage concret aux connaissances théoriques qu’ils ont
acquises en amont. Ces experts ont été choisis dans les élus, parmi des acteurs
de la vie politique locale ou associative en lien avec nos thématiques ou avec
des universitaires. Cette méthode laisse également une grande autonomie aux
élèves, qui doivent prendre le rendez-vous, préparer l’interview et se rendre
seuls auprès de l’expert qu’ils interrogent. La quête de l’expert revient aux
professeurs, même si nous avons parfois laissé en partie l’initiative aux
élèves de chercher un spécialiste, comme à Marseille dans un projet antérieur,
sur des sujets d’urbanisme, d’activité portuaire etc mais cela nous a été
fastidieux et sujet à déception quant à la pertinence des sondés ou à leur
fiabilité.
Une production innovante utilisant les TICE
(Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement)
Pour la production finale, un court film de
synthèse sur le thème choisi, (deux à trois minutes) crée avec le logiciel
Powtoons, quelques contraintes ont été imposées : le film réalisé devait
faire apparaître les deux langues, une comparaison entre la France et
l’Allemagne ainsi qu’un questionnement clair, et inclure les résultats de la
rencontre avec l’expert. Réalisé entièrement pendant la fin de semaine à
Berlin, il est présenté au groupe entier lors d’une présentation orale de
synthèse sur l’ensemble du thème. Enfin, le film est ajouté aux articles du
blog, en illustration.
Que
retirer de ce projet ?
Les
élèves ont établi un bilan du projet : ils apprécient l’autonomie et la
confiance qui leur est faite pour la réalisation, les rencontres enrichissantes
et l’intensité du travail pour réaliser une production dont ils sont fiers. Ils
soulignent également l’importance du caractère binational, de
l’interculturalité qu’ils ont pu développer, de l’apprentissage du travail en
tandem.
Fondamental
aussi pour les jeunes : l’aspect humain de la rencontre. Cette rencontre
humaine est le moteur des échanges : nous en voulons pour preuve une nécessaire
correction de trajectoire que nous avons dû faire pour le bon fonctionnement de
l’échange. Nous avons perdu une après-midi au début de la rencontre à Berlin,
car l’avion prévu initialement a été annulé. Un groupe est arrivé dans
l’après-midi, l’autre tard dans la nuit : l’après-midi pour faire
connaissance, pour les jeux de déblocage et le rapprochement n’a pas pu avoir
lieu. Pris par le timing serré du programme et des visites, confiants dans
l’ouverture d’esprit de nos élèves qui avaient déjà tous fait un séjour Sauzay,
nous avons décidé de commencer le travail directement le lundi matin. Les
élèves ont merveilleusement travaillé ensemble en effet, mais en dehors du
travail, aucun mélange des deux groupes n’était visible. Pourtant, nos
expériences passées nous montraient que cette fusion se fait très rapidement
d’habitude. Force était de nous rendre à l’évidence : même pour ces élèves
très ouverts, la phase de jeu était fondamentale. Nous avons donc décidé de
remplacer une séance de travail par une séance de jeux de déblocages :
elle a été cruciale pour le reste de l’échange, non pas pour le travail, qui
aurait certainement été de qualité, mais pour le plaisir que les élèves ont
ressenti par la suite à travailler, échanger et communiquer ensemble, ce qui a été
poursuivi lors de la rencontre au Salon de l’étudiant à Strasbourg quelques
semaines plus tard.
Les enseignants apprécient également ce
travail interculturel, qui est pour eux aussi un défi à chaque nouveau projet :
se comprendre, car les enjeux sont aussi ceux du vocabulaire employé :
participation, démocratie, engagement ; travailler dans le même
sens ; accepter les différences… Eux aussi l’expérimentent tous les ans et
espèrent apprendre de leurs erreurs !
De même que les élèves ont besoin de moments informels, détendus et pour pouvoir réaliser ensemble des projets parfois ambitieux, de même il est fondamental que les enseignants porteurs de projets puissent aussi se réunir en préparation des projets, à la fois pour travailler et préparer, mais aussi pour passer du temps à apprendre à se connaître. On ne peut qu’encourager les enseignants à inclure dans leur budget le déplacement d’une partie de l’équipe, isolés pendant deux jours de leurs contraintes quotidiennes, quitte à s’héberger mutuellement pour limiter les frais !
Un groupe pendant la création de leur film
Projets-IN – Réseau des
projets scolaires franco-allemands, interculturels, interdisciplinaires et
innovants
Chaque année, l’Office
franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) lance un appel à projets pour soutenir
les initiatives les plus créatives organisées par les établissements scolaires
secondaires français et allemands, dont au moins l’un des 2 propose un enseignement
intensif de la langue du partenaire (classe bilangue, section européenne, Abi
Bac, établissement franco-allemand).
Le principe est
simple : vous proposez d’organiser une rencontre entre élèves de France et
d’Allemagne autour d’un projet scolaire commun, innovant, interculturel et
interdisciplinaire, et l’OFAJ s’engage à vous soutenir durant toute la durée de
cet échange franco-allemand.
Concernant le contenu,
vous pouvez bâtir librement des projets scolaires franco-allemands en partenariat
avec l’école partenaire et donner libre cours à la créativité de vos élèves.
Pour l’OFAJ, le plus important est le côté pédagogique du projet et l’active
participation des élèves : un point d’honneur est mis sur le procédé
interdisciplinaire, les projets innovants tout comme sur la plus-value
interculturelle créée par l’échange en question. Les enfants et les jeunes
doivent travailler ensemble dans toutes les disciplines et développer leurs
compétences interculturelles dans des échanges directs entre eux.
Entre 4 et 21 jours et
sous la forme d’un tandem linguistique franco-allemand, vous pouvez choisir
d’organiser une rencontre directement chez le partenaire ou dans un tiers-lieu.
Conditions de participation
Seuls des tandems
franco-allemands d’établissements scolaires, dont au moins l’un propose un
apprentissage intensif de la langue du partenaire, peuvent répondre à l’appel à
projets.
Le tandem d’établissements peut se situer :
dans le cadre d’un
appariement existant
ou dans le cadre d’un
partenariat conçu spécifiquement pour le projet. (…)
Sélection des projets et financement
Une commission franco-allemande se réunit début
décembre et sélectionne jusqu’à 25 projets pour l’année 2019 en
tenant compte des critères suivants :
l’approche interdisciplinaire
la dimension
interculturelle
le caractère innovant du
projet
l’implication des élèves
dans le projet.
L’OFAJ accorde, dans la
limite des crédits budgétaires disponibles, à chaque établissement une subvention
pour les frais de voyage (taux maximal selon les directives de l’OFAJ :https://www.ofaj.org/ressources/calcul-de-la-subvention-pour-frais-de-vo…)
et éventuellement une subvention pour les frais de séjour et les frais de
programme.
Cette subvention sera
versée à l’issue de la rencontre et après réception du décompte d’utilisation
complet.
Valorisation des projets
Les projets sélectionnés
seront publiés sur un site dédié spécialement à ce programme (www.projets-in.ofaj.org).
En déposant une demande de subvention, les établissements s’engagent également
à actualiser régulièrement les pages de leurs projets (témoignages, comptes
rendus, vidéos, photos, documents audio, blogs etc.) et ce pendant la durée
intégrale du projet. L’OFAJ offre si nécessaire son accompagnement dans
la saisie et l’actualisation de la page dédiée à chaque projet.
Prix projets-IN
L’Institut français (IF)
d’Allemagne et le Goethe-Institut (GI) de Paris contribuent à la valorisation
du programme projets-IN, d’une part afin de promouvoir les dispositifs
d’enseignement bilingue et d’autre part pour favoriser la pédagogie interdisciplinaire
et interculturelle de projet pratiquée dans le cadre des échanges scolaires
franco-allemands.
A cette fin, ils
décerneront le prix projets-IN (doté de 500€ par établissement) aux deux
établissements scolaires partenaires qui auront réalisé le meilleur projet au
cours de chaque année.
par Edith Stroh-Weber, professeure d’histoire géographie (Abibac, lycée Marc Bloch, Bischheim)
Une centrale
hydraulique sur le Rhin, une usine sidérurgique dans la Sarre, un géant de la
chimie allemande, mais cela aurait aussi pu être une institution. Quel point
commun entre tous ces lieux ? Très simple ! Grâce à l’OFAJ, ils
peuvent vous ouvrir leurs portes pour une journée de découverte.
La Journée Découverte franco-allemande a été lancée en 2006 par le
ministre de l’Éducation nationale, le Plénipotentiaire de la République
fédérale d’Allemagne chargé des relations culturelles franco-allemandes ainsi
que par les ministères des Affaires étrangères de deux pays. Dans le contexte
privilégié du partenariat économique franco-allemand, la Journée Découverte
offre à des élèves la possibilité d’être reçus dans une entreprise de leur
région entretenant des liens étroits avec le pays partenaire. L’objectif du
projet consiste non seulement à sensibiliser les élèves aux réalités de la vie
professionnelle mais également à leur montrer concrètement l’atout que
représente la maîtrise de la langue et de la culture allemande pour leur
parcours professionnel. Est également mis en avant l’importance de la mobilité
professionnelle et de l’interculturalité qu’apportent des expériences de
travail à l’étranger.
Voilà déjà quelques
années que j’inscris mes élèves à ces journées qui sont à chaque fois une bonne
surprise. Surprise, parce que pour ma part je n’indique pas de préférence quant
au type de lieux à découvrir. Le service compétent de l’OFAJ propose des
opportunités, des dates, des programmes, il n’y a qu’à choisir. Ce type de
journée peut s’envisager avec ou sans établissement partenaire.
Cette année, nous
l’avons partagée avec notre lycée partenaire, le Geschwister Scholl Gymnasium
de Ludwigshafen et c’est à l’usine BASF de Ludwigshafen que nous l’avons
passée. Les élèves ont eu
l’occasion privilégiée de rencontrer et de dialoguer avec des acteurs clés de
la coopération franco-allemande comme Anne-Marie Descôtes, ambassadrice de
France en Allemagne, Saori Dubourg membre du comité directeur du groupe
BASF, Thierry Herning, président du groupe BASF France ainsi que Markus
Ingelath, secrétaire général allemand de l’OFAJ. La mobilité dans les études,
les carrières à l’international, l’interculturalité dans le monde du
travail, le couple franco-allemand mais aussi la place des femmes dans les
positions de direction ont été les sujets de riches et fructueux échanges.
Comment les élèves ont-ils pu ne pas être impressionnés
et spontanément poser des questions pertinentes ? C’est là que l’action de l’OFAJ est une
nouvelle fois des plus efficaces. La première partie de la journée a en effet
été consacrée à la préparation de la rencontre. Si les élèves ne s’étaient pas encore
connus, des activités leur auraient été proposées afin de leur permettre de
nouer rapidement contact. Puis il s’est agi de préparer par groupes
franco-allemands des questions à poser lors de la table ronde de l’après-midi.
Différents domaines étaient proposés d’entrée de jeu. Les nombreuses questions
qui ont émergé, furent au fur et à mesure filtrées et reformulées. Les jeunes animateurs de l’OFAJ sont rompus à
ce genre d’activités. Chacun a pu selon ses moyens prendre part à la
préparation des échanges. Une grande satisfaction partagée par tous à l’issue
de la journée. Un seul regret cependant : le temps trop court consacré à
la visite du site lui-même. Nous n’avons en effet vu que le centre destiné à
l’accueil des visiteurs.
Pour plus de renseignements, voici le lien vers la
page de l’OFAJ dédiée aux journées de découvertes : http://www.journeedecouverte.ofaj.org/fr/actualites. L’inscription se
fait généralement au courant du mois de janvier.
L’Université franco-allemande (UFA) est une institution binationale qui
propose aux lycéens et futurs étudiants dans les deux langues un large éventail
de formations supérieures se déroulant en France et en Allemagne dans les
domaines les plus variés.
Les étudiants de
ces cursus bénéficient non seulement d’une excellente formation dans
leur
discipline, mais acquièrent
également des compétences
linguistiques et interculturelles : ils effectuent la moitié
de leurs études dans le pays partenaire, au sein d’un groupe plurinational, ce
qui leur permet de connaître le système d’enseignement supérieur de
« l’autre pays » aussi bien que le leur. À la
fin de leurs
études, les étudiants obtiennent deux
diplômes nationaux de niveau équivalent ou un diplôme conjoint. Et le double diplôme obtenu dans ce cadre leur ouvre des perspectives
professionnelles supplémentaires sur le marché de l’emploi international.
Les bacheliers de l’Abibac, déjà imprégnés des deux cultures et des deux
langues, sont particulièrement aptes à réussir dans une telle formation
franco-allemande : ils pourront ainsi construire concrètement l’avenir
commun des deux pays.
Le réseau de l’UFA
Les 180 cursus à double diplôme se trouvent
dans une centaine de villes en France et en Allemagne. Ces établissements
d’enseignement supérieur français
et allemands collaborent en tandem afin de mettre en œuvre leur projet de coopération sous
l’égide de l’UFA.
Objectifs et
missions de l’UFA
L’UFA joue un rôle d’expert dans les relations
universitaires franco-allemandes. Son objectif est de renforcer la coopération
entre la France et l’Allemagne dans le domaine de l’enseignement supérieur et
de la recherche. A cette fin, l’UFA s’attache à promouvoir les relations et les
échanges entre les établissements d’enseignement supérieur français et
allemands, notamment pour assurer la mise en œuvre des cursus binationaux et
des programmes franco-allemands dans le domaine de la formation doctorale et de
la recherche.
Types de formation
Actuellement, près de 6 500 étudiants sont inscrits
dans des cursus de niveau licence, master ou doctorat dans les disciplines
suivantes : Sciences de l’ingénieur, Sciences
naturelles/Mathématiques/Informatique, Médecine, Économie/Gestion, Droit,
Sciences humaines et sociales et Formation des enseignants.
Statut légal et
financement
L’UFA a été créée en 1997 par un accord intergouvernemental (accord de Weimar). Cet accord, entré en vigueur en septembre 1999, posait les bases juridiques de cette institution universitaire internationale et en a défini les organes et les missions. L’Université franco-allemande est financée à parts égales par les gouvernements français et allemand ainsi que par les «Bundesländer» allemands.
Voici quelques liens utiles :
Moteur de recherche des formations franco-allemandes :
GIRAF-IFFD (Groupe interdisciplinaire de recherche
Allemagne-France – Interdisziplinäre Forschungsgruppe Frankreich-Deutschland)
est une association de jeunes chercheurs, doctorants et post doctorants en
littérature, sciences humaines et sociales dont les travaux concernent la
France et les pays de langue allemande. L’association GIRAF est née de
rencontres qui se sont déroulées lors de la première université d’été
franco-allemande de doctorants tenue à Berlin en 2002. De jeunes chercheurs
francophones et germanophones, travaillant dans diverses disciplines des
sciences humaines et sociales, ont pris conscience des limites de leurs
connaissances sur les recherches réalisées « de l’autre côté du Rhin », ainsi
que de la similitude des problèmes pratiques rencontrés lors de l’entrée dans
le monde de la recherche. De ces constats est née l’idée de mettre en place un
réseau de jeunes chercheurs qui travaillent parfois sans le savoir sur des sujets
proches : la complémentarité des cultures scientifiques française et
allemande ainsi que l’enrichissement réciproque d’approches disciplinaires
différentes devaient être mis à profit. L’association s’est donnée pour but de
mettre en place un réseau d’informations administratives, scientifiques, et
pratiques, de contribuer à favoriser les échanges scientifiques entre les
jeunes chercheurs, et enfin de créer et entretenir un vrai dialogue avec les
différentes institutions françaises et allemandes du monde de la recherche et
de l’enseignement supérieur[3]. Le
réseau GIRAF-IFFD a donc pour vocation première d’encourager les échanges,
dialogues et synergies entre jeunes chercheurs francophones et germanophones,
afin qu’ils élaborent ensemble des projets scientifiques exigeants que viennent
enrichir l’apport de deux traditions scientifiques et le maniement de deux
langues différentes. GIRAF-IFFD est dans le même temps un lieu où l’on discute
et résout des problèmes concrets, depuis la recherche de financements jusqu’à
l’échange d’appartements lors des séjours dans le pays partenaire, en passant
par la constitution de binômes pour la correction de travaux de recherche. Les
pages Internet[4],
Facebook[5],
Twitter, LinkedIn et Academia[6] de
l’association jouent un rôle majeur dans la consolidation du réseau.
Outre des réunions
mensuelles dans différentes villes où sont présents les membres de
l’association, GIRAF-IFFD organise également tous les deux ans un atelier de
recherche interdisciplinaire réunissant une vingtaine de jeunes chercheurs
germanophones et francophones. Ces ateliers, organisés avec le soutien de
l’UFA-DFH[7], du
CIERA[8], de
l’OFAJ-DFJW[9] ou
du DAAD[10] et
de diverses universités françaises et allemandes, ont tous abouti à une
publication bilingue[11]. En
effet, une caractéristique de tous les ateliers interdisciplinaires de
GIRAF-IFFD est de mettre l’accent sur un concept ou un couple de concepts
mettant en lien les différentes disciplines représentées au sein de
l’association (par exemple en 2012 « Le Passage » / „Der Übergang“ ;
en 2013 « Politique et Altérité » / „Politik und Alterität“ ; et en 2018 «
Émotions, politique et médias » / „Emotionen, Politik und Medien“). Les
ateliers de recherche offrent donc aux membres de GIRAF-IFFD la possibilité
d’organiser un colloque international, du projet scientifique jusqu’à la
publication, en passant par la levée de fonds et la mise en œuvre logistique en
collaboration avec les diverses institutions franco-allemandes, ce qui a permis
à l’association d’être désormais reconnue comme une association
franco-allemande incontournable[12].
D’autre part,
GIRAF-IFFD mène régulièrement des enquêtes sur différents sujets au cœur des
préoccupations des jeunes chercheurs français et allemands. Dans ce cadre,
l’association s’est alors penché en 2009 sur le thème de la difficile insertion
professionnelle des doctorants. Les
enquêtes ont révélé un pessimisme partagé dans les deux pays, qui repose sur
des difficultés réelles. Cependant, concernant tout aussi bien une carrière
dans la recherche qu’une possible réorientation professionnelle après le
doctorat, la situation a été dans l’ensemble évaluée de manière plus favorable
en Allemagne qu’en France. Sur la base de ce constat, de nouveaux partenariats
ont été noués, notamment avec l’Association Bernard Gregory engagée pour
l’insertion professionnelle des jeunes docteurs, et des propositions concrètes
d’amélioration ont pu être formulées et proposées aux établissements
d’enseignement supérieurs partenaires. La dernière enquête en 2015 était consacrée
aux changements des conditions générales se rapportant au doctorat dans le
cadre du processus européen de Bologne et aux effets de ceux-ci sur la pratique
scientifique des doctorants[13].
Aujourd’hui GIRAF-IFFD
se trouve dans une phase de consolidation de ses orientations et de ses
activités : l’association, ses ateliers de recherche et ses enquêtes
jouissent d’une audience de plus en plus large, en France comme en Allemagne.
Des disciplines très variées sont représentées au sein de l’association, les études germaniques (civilisation,
littérature, linguistique allemandes), la littérature française, la littérature
générale et comparée, l’histoire, la géographie, la philosophie, les sciences
politiques, la sociologie, les relations internationales, la communication, la
psychologie, le droit ou bien les sciences de l’éducation. GIRAF-IFFD développe donc de nouveaux
partenariats et consolide son ancrage dans la recherche franco-allemande. Dans
ce domaine, GIRAF-IFFD a deux missions à remplir, auxquelles est confrontée
toute association dont l’ensemble des membres est changeant par nature. Il y a
ainsi un impératif qui lui est étroitement lié : maintenir le contact avec
les anciens membres, qui n’ont plus le statut de jeuneschercheurs ou chercheuses, mais restent potentiellement
d’importants interlocuteurs et diffuseurs pour GIRAF-IFFD. Il y a enfin un
besoin d’une continuité, requérant pour cela que GIRAF-IFFD se fasse connaître
auprès des étudiants, futurs étudiants et jeunes chercheurs et chercheuses toujours
aussi nombreux dans le domaine de la recherche franco-allemande et à laquelle
les élèves des classes Abibac peuvent aspirer.
[1] Alice Volkwein enseigne l’allemand en spécialité en Lettres
Supérieures et Première Supérieure (Hypokhâgne et Khâgne) au Lycée Claude Monet
à Paris. Elle a été présidente de l’association GIRAF-IFFD (2008-2012).
[2] Paul Maurice enseigne l’histoire-géographie en section européenne
et Abibac au Lycée Albert Schweitzer du Raincy dans l’académie de Créteil. Il
est par ailleurs membre du bureau de l’association GIRAF-IFFD.
[3] Henning Fauser, « GIRAF-IFFD – Eine
deutsch-französische Nachwuchsforschervereinigung », in Dorothee Röseberg,
Marie-Therese Mäder (dir.), Le
Franco-Allemand. Herausforderungen transnationaler Vernetzung. Enjeux des
réseaux transnationaux, Berlin, Logos Verlag, 2014, p. 239-248.
[11] La dernière en date étant : Silvia Richter & Maude
Williams, (Hrsg./dir.), Zum Phänomen des
Austauschs in den Geistwissenschaften/Les phénomènes de l’échange dans les
sciences humaines, Bruxelles, PIE Peter Lang, 2016
[12] Alice Volkwein, « GIRAF-IFFD Groupe interdisciplinaire de
recherche entre l’Allemagne et la France – Interdisziplinäre Forschungsgruppe
Frankreich Deutschland », in Nicole Colin, Corine Defrance, Ulrich Pfeil,
Joachim Umlauf (dir.), Lexikon der
deutsch-französischen Kulturbeziehungen nach 1945, 2. Auflage, Tübingen,
Narr Verlag, 2015, p. 273-274. La traduction française, Lexique des relations culturelles franco-allemandes depuis 1945
doit paraître à Lille aux Presses universitaires du Septentrion en 2019.
[13] Agathe Bernier-Monod, Valérie Dubslaff, Annette Lensing, Naomi
Truan & Bérénice Zunino, « Le doctorat nouvelle mouture : pratiques et
vécu en France et en Allemagne. Une enquête de l’association GIRAF-IFFD »,
In Helsa Meise, Thomas Nicklas & Christian E. Roques (dir.), Hybridisierungen, Hybridations, Reims,
Les Éditions de l’Épure, 2017, p. 297–314.